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Même si Karl Marx est le fondateur du marxisme et la figure la plus importante de la pensée communiste, Engels n'a pas à rougir de sa contribution au mouvement et laisse une empreinte considérable dans le socialisme moderne. En effet, après sa rencontre avec Marx en 1844, ces deux compères pensent que la société capitaliste gangrène la société en exploitant sa force de travail : la classe ouvrière. Ils développent leurs théories respectives ou communes dans de nombreux livres comme Principes du communisme (1847), Das Kapital (1867), Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880). Engels ira jusqu'à participer à la création d'organisations comme la Première Internationale qui vise à réunir les différents bords socialistes en vue d'une révolution ouvrière.
- On commence par la biographie de Friedrich Engels et sa rencontre avec Karl Marx, celui à l'origine du marxisme.
- Ensuite, on abordera ce qu'est le socialisme fondamentaliste d'Engels via plusieurs angles.
- Après, on présentera sa vision de l'économie politique.
- Enfin, on décryptera quelques-uns de ses livres qui participent à l'ébauche du communisme et du socialisme moderne.
Friedrich Engels : biographie d'un penseur
Friedrich Engels est né en Prusse le 28 novembre 1820. Il grandit dans une famille de la classe moyenne. Son père possède une entreprise et attend de lui qu'il poursuive les activités commerciales de la famille. Pendant son adolescence, Engels va à l'école, mais son père l'en retire prématurément pour qu'il comprenne les ficelles du monde des affaires où il fera trois années d'apprentissage.
En ce qui concerne la philosophie, il s'intéresse d'abord aux auteurs libéraux et révolutionnaires. Il finit par les rejeter et par se tourner vers des écrits plus subversifs, ce qui l'amène à devenir athée et à théoriser ce que l'on appelle le socialisme. Il fait notamment partie des « Jeunes hégéliens », un groupe de philosophes qui, en se basant sur les écrits du philosophe allemand Hegel, théorisent le concept de révolution comme base du changement historique.
En 1842, Engels rencontre Moses Hess, un des premiers communistes et penseurs sionistes, qui l'amène à se convertir au communisme. Hess soutient que l'Angleterre, avec ses industries pionnières, son prolétariat important et sa structure de classe, jouera un rôle crucial dans la naissance d'une révolution et d'un bouleversement de classe. Cela sert de base à ce que Marx et Engels considèrent ensuite comme une société communiste. En effet, c'est à cette époque en 1844 qu'il s'installe à Manchester, en Angleterre, où son père possède des entreprises de coton. C'est aussi là qu'il rencontre Karl Marx avec qui il collaborera jusqu'au décès de ce dernier le 14 mars 1883.
En 1864, après moult œuvres influentes, Engels participe à la création de la Première internationale ; une organisation inédite permettant la réunion des multiples bords socialistes, communistes et anarchistes pour consolider une potentielle révolution ouvrière du prolétariat.
Karl Marx : la genèse du marxisme
Karl Marx est un théoricien classique de la sociologie, des sciences sociales et de nombreuses autres disciplines. C'est l'une des figures les plus importantes des deux derniers siècles. Il inspire de nombreux mouvements politiques et sociaux. Sa philosophie est baptisée « marxisme ». Son idéologie est axée sur le conflit, la lutte des classes, le matérialisme et le capitalisme.
Le principe fondamental du marxisme est que la société est fondée sur une lutte des classes permanente entre la classe ouvrière et la classe dirigeante. Cette dernière possède la plupart des ressources de la société et accumule des profits toujours plus importants en sous-payant et en exploitant les travailleurs. La classe ouvrière, elle, sacrifie sa force de travail, son temps et son énergie, tout en luttant pour satisfaire ses besoins fondamentaux
Le marxisme affirme que le capitalisme prospère grâce au conflit entre classe dirigeante et classe ouvrière.
La dialectique hégélienne
Faisant partie des « Jeunes hégéliens », Engels et Marx tentent de théoriser la disparition du capitalisme.
Dialectique hégélienne : méthode d'interprétation philosophique qui soutient qu'il existe une thèse et une antithèse, qui sont en contradiction l'une avec l'autre. La contradiction doit être résolue en dépassant la thèse et l'antithèse pour parvenir à une synthèse.
La différence dialectale peut être observée entre la bourgeoisie et le prolétariat. Grâce à la conscience du principe de classe, la contradiction peut être résolue et une société qui fonctionne adéquatement est possible. Pour y parvenir d'une manière qui profite au prolétariat, celui-ci doit créer sa propre classe.
Contrairement à l'individualisme des libéraux, Engels croit en une société unifiée et pense que la camaraderie et la fraternité relieraient le monde entier, ce que l'on appelle l'internationalisme socialiste. Il rejette les idées de nationalisme et de patriotisme, estimant que ces fausses idées servent à renforcer les différences au sein du prolétariat et l'empêcher d'identifier le caractère exploiteur de la bourgeoisie.
Friedrich Engels et le socialisme fondamentaliste
Engels est un socialiste fondamentaliste : lui et Marx considèrent le capitalisme comme un modèle économique plein de cupidité et d'égoïsme qui ruine la société.
Socialisme fondamentaliste : croyance que le socialisme ne peut être atteint en même temps que le capitalisme
En tant que socialiste fondamentaliste, Engels pense qu'une révolution socialiste du prolétariat est cruciale pour la survie du monde. Selon lui, cette révolution, menée par le prolétariat, doit être un événement de grande envergure. Après la révolution, Engels envisage une prise de contrôle de l'État par la classe ouvri, conduisant à une dictature du prolétariat. Il pense que cette dictature disparaîtrait (donc temporaire) et céderait la place à un régime communiste. La société réussirait et prospérerait sous ce nouveau système.
L'Union soviétique et la Chine d'aujourd'hui sont des exemples de la mise en œuvre de ce marxisme, qui justifient la gestion de leurs pays respectifs selon cette idéologie politique. En même temps, dans une certaine mesure, la Chine fonde son économie sur des principes néolibéraux hybrides. Comme elle dispose de marchés libres, l'État maintient un niveau élevé de contrôle sur le marché et le bien-être de la population.
Certains pays d'Europe du Nord, comme la Finlande, sont non fondamentalistes. Ils fondent leur économie sur un socialisme de troisième voie (entre la social-démocratie et le libéralisme), similaire à celui de la Chine, mais avec le maintien de la règle de la démocratie.
La nature humaine
Comme d'autres penseurs socialistes, Engels pense que la nature humaine est rationnelle, fraternelle et généreuse, mais que la cupidité et l'égoïsme du capitalisme la ruinent. Il pense que le capitalisme force la nature humaine à adopter de fausses idées sur sa façon de devoir considérer ses droits, et qu'en conséquence, les hommes ne peuvent pas découvrir leur « moi authentique ».
De fait, Engels et Marx proposent comme solution un système communiste dans lequel il n'y a pas de propriété privée, de conflit de classes ou d'exploitation de la classe ouvrière. Ce système serait mis en place par le biais d'une révolution.
L'État
Engels pense que l'État actuel est utilisé pour promouvoir et réaliser les idées négatives des capitalistes et des bourgeois afin d'exploiter le prolétariat. Si les capitalistes contrôlent l'économie, ça ne pourra pas s'arrêter.
Ce qui est bon pour la classe dirigeante est censé être bon pour l'ensemble de la société à laquelle la classe dirigeante s'identifie.
– ENGELS Friedrich, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État (1884)1
Engels s'oppose à l'idée qu'un État soit politiquement indépendant, comme le pensent les libéraux. Selon lui, seule une révolution conduisant à une dictature dirigée par le prolétariat, puis à la disparition de l'État, permettrait aux idées du communisme de diriger la société.
La société et sa classe ouvrière
Selon Engels, la société est divisée en deux classes : la bourgeoisie (haute, moyenne et petite) et le prolétariat avec la classe ouvrière. L'aristocratie est au-dessus d'elles, mais elle est dépourvue du pouvoir économique et n'est là qu'en raison de la légitimité représentative.
Ces deux classes sont aux antipodes, la bourgeoisie exploitant continuellement le prolétariat. Selon Engels, la poursuite de l'exploitation du prolétariat entraînera inévitablement la disparition du capitalisme. En effet, le capitalisme crée un environnement instable et volatile.
Friedrich Engels et l'économie politique
Engels a des idées bien arrêtées sur l'économie politique des États et voici ce qu'il rejette :
le capitalisme favorise l'économie et profite à tous les membres de la société ;
il y aurait plus d'argent à dépenser pour la protection sociale si plus d'argent rentrait par le biais des entreprises privées.
Engels estime que le système capitaliste actuel, qui repose sur le maintien de salaires bas pour créer une plus-value, c'est-à-dire un profit pour les propriétaires, va inévitablement causer sa propre perte, car il provoque trop de conflits au sein de la société.
Dans un article intitulé Esquisses d'une critique de l'économie politique (1843), Engels critique le système mercantile comme l'une des origines des défauts du capitalisme (voir image 2).
En effet, ce système se nourrit de l'idée de l'équilibre commercial qui soutient qu'une entreprise réalise un profit lorsque les exportations dépassent les importations. C'est ainsi qu'est né le concept de surplus.
Ainsi, Engels pense que les principes d'économie politique qui régissent le capitalisme conduiront toujours à la souffrance de la « force de travail », c'est-à-dire du prolétariat, tandis que les capitalistes feront toujours des bénéfices.
Les livres de Friedrich Engels
Les livres de Friedrich Engels sont extrêmement influents et restent importants pour le socialisme et le communisme aujourd'hui. Le plus célèbre est sans doute le Manifeste du parti communiste (1848), coécrit par Engels et Marx. Changeons de disque et découvrons ceux moins connus :
Principes du communisme de Friedrich Engels
Friedrich Engels est auteur de Principes du communisme en 1847, qui sert d'ébauche au Manifeste du parti communiste. Ce livre contient 25 questions/réponses sur le communisme et présente les idées centrales de ce que sera le marxisme.
Voici les principaux points :
Le communisme est le seul moyen de libérer le prolétariat de l'exploitation capitaliste.
La révolution industrielle est à l'origine des classes que sont le prolétariat et la bourgeoisie. Dans un système capitaliste, tout le monde doit être rangé dans des classes sociales.
L'abolition de la propriété privée permet de mettre fin à l'exploitation du prolétariat. En effet, le capitalisme exige que le travail humain soit séparé du contrôle des moyens de production.
Puisque la révolution industrielle fournit la capacité technique pour la production de masse, la propriété privée peut être abolie. Il faut donc réorganiser le monde sur la base de la coopération et de la propriété communautaire, contrairement au chacun pour soi.
Cette révolution doit être violente, car les capitalistes ne renonceront pas à leur propriété.
L'abolition de la propriété privée entraînera la disparition de toute construction sociétale de la différence : raciale, ethnique ou religieuse (car il n'y aura pas de religion sous le communisme).
Das Kapital, vol. II et vol. III
Das Kapital (Le Capital, publié en 1867) est une autre œuvre notable d'Engels à laquelle il participe avec Marx. Après sa mort en 1883, Engels aide à compléter les deuxième et troisième volumes de Das Kapital en utilisant les notes de Marx. Cette publication explore l'impact négatif du capitalisme sur l'économie et constitue la base de la plupart des théories néomarxistes actuelles.
Socialisme utopique et socialisme scientifique
Publié en 1880, Socialisme utopique et socialisme scientifique regroupe des extraits de l'essai Anti-Dühring, également écrit par Engels deux ans plus tôt.
Le propos de cette œuvre reprend des idées de Marx sur une analyse à visée scientifique des réalités sociales, historiques et économies de la société. Elle fait opposition au socialisme utopique qui ne dépend pas d'une révolution politique ou d'une réforme de l'État, mais plutôt de l'initiative de citoyens. Ainsi, au sein même de la société capitaliste, on aurait une contre-société socialiste qui évoluerait et engloutirait graduellement la société capitaliste sans le besoin d'action directe.
Friedrich Engels - Points clés
- Friedrich Engels est un philosophe allemand né le 28 novembre 1820 et étroitement lié à Karl Marx.
- C'est un socialiste fondamentaliste, car il pense que le socialisme ne peut être atteint en même temps que le capitalisme.
Engels croit en une révolution socialiste et ouvrière menée par le prolétariat pour créer une dictature (temporaire) du prolétariat qui finirait par disparaître, menant au communisme.
Engels pense que la nature humaine est rationnelle, fraternelle et généreuse, mais que la cupidité et l'égoïsme du capitalisme la ruinent.
Engels critique le système mercantile comme étant à la base de l'exploitation du prolétariat pour les gains et les profits de la bourgeoisie.
Les ouvrages les plus célèbres de Friedrich Engels sont le Manifeste communiste, Das Kapital, coécrit avec Karl Marx, et les Principes du communisme.
Références
- ENGELS Friedrich, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, 1884
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Questions fréquemment posées en Friedrich Engels
Quelle est la nationalité de Engels ?
La nationalité d'Engels est allemande. Il est né le 28 novembre 1820 en Prusse, un ancien État européen formé en 1701 et intégré à l'Empire allemand en 1871.
Quelles sont les principales idées de Friedrich Engels ?
Les principes idées de Friedrich Engels s'alignent sur le socialisme fondamentaliste :
- nécessité d'une révolution socialiste du prolétariat ;
- contrôle de l'État par le prolétariat ;
- dictature du prolétariat évoluerait en société communiste ;
- abolition de la propriété privée.
Qui a inventé le communisme ?
On attribue souvent à tort l'invention du communisme à Karl Marx, mais celui-ci a plutôt théorisé et popularisé ce mouvement, déjà suggéré par certains penseurs comme :
- Gracchus Babeuf ;
- Thomas More ;
- Thomas Münzer ;
- Moses Hess.
C’est quoi le communisme ?
Le communisme, c'est :
- abolir la propriété privée ;
- mettre en commun des moyens de production ;
- libérer le prolétariat de l'exploitation capitaliste ;
- promouvoir l'équité et le partage plutôt que la survie individualiste et la recherche du profit.
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