Anarcho-pacifisme

Anarcho-pacifisme et anarchisme

Dans cette série d'articles sur l'anarchisme, nous avons utilisé l'image de cet arbre pour illustrer les liens entre les différentes formes d'anarchisme. Cependant, il n'est pas facile de trouver une place logique pour l'anarcho-pacifisme sur cet arbre.

Fig. 1 - Illustration des formes d'anarchisme, original StudySmarter

Les adeptes de l'anarcho-pacifisme peuvent être influencés par les idées marxistes ou socialistes ou par les idées libérales et libertaires. En outre, de nombreux penseurs anarcho-pacifistes sont influencés par des éléments de philosophie religieuse, alors que de nombreuses autres formes de pensée anarchiste sont hostiles à la religion. Les anarcho-pacifistes se situent quelque part au milieu de cette arborescence, leurs adhérents se situant sur un spectre entre les idées de gauche et de droite.

Anarcho-pacifisme et violence

L'anarchisme n'est pas une idéologie violente en soi, et la majorité des anarchistes sont opposés à la violence ; cependant, certains anarchistes acceptent que la violence soit parfois nécessaire. On peut le constater dans certaines branches de l'anarchisme, comme l'anarcho-syndicalisme, qui adopte souvent l'idée que les moyens justifient la fin. Les anarcho-syndicalistes dans la tradition de Georges Sorel (1847-1922) soutiennent que la violence est un élément acceptable du changement révolutionnaire. L'écrivain anarchiste italien Errico Malatesta (1853-1932) a également plaidé en faveur de la violence révolutionnaire.

En revanche, les anarcho-pacifistes considèrent la violence comme une forme de coercition et la jugent donc incompatible avec l'anarchisme. Les seules méthodes révolutionnaires légitimes dans l'anarcho-pacifisme sont les méthodes non violentes, comme la désobéissance civile.

L'anarcho-pacifisme et la religion

De nombreuses formes de pensée anarchiste considèrent la religion avec scepticisme, voire avec hostilité. De nombreux anarchistes sont aussi des anticléricaux, qui s'opposent aux privilèges indus qu'exercent, selon eux, les représentants de la religion organisée.

En revanche, la pensée anarcho-pacifiste n'assimile pas automatiquement la croyance religieuse à la coercition et certains anarcho-pacifistes ont été fortement motivés par leurs croyances religieuses. Des religions comme le christianisme, l'islam, l'hindouisme et le sikhisme ont toutes de fortes traditions de résistance aux lois injustes ou à la persécution par des moyens pacifiques. Léon Tolstoï a profondément influencé la pensée anarcho-pacifiste et a été profondément inspiré par sa foi chrétienne pacifiste. La pensée du philosophe américain Henry David Thoreau a été façonnée à la fois par ses origines chrétiennes unitaires et par son intérêt pour la spiritualité hindoue. Ces personnalités ont inspiré Mohandas K Gandhi (plus tard appelé Mahatma Gandhi) dans sa lutte non violente contre la domination coloniale britannique en Inde.

Principes et théorie de l'anarcho-pacifisme

Tu trouveras ci-dessous quelques principes clés de l'anarcho-pacifisme.

Le pacifisme

Le XIXe siècle n'a pas été la période la plus paisible de l'histoire moderne, avec des guerres, des bouleversements et des conflits dans le monde entier. Naturellement, certains s'opposaient à l'utilisation de la violence pour résoudre les conflits politiques ou sociaux, et beaucoup pensaient que les progrès considérables de la science et de la technologie qui avaient défini le XIXe siècle devaient s'accompagner d'un raffinement de la nature humaine, loin de la violence et en faveur de la paix et de la stabilité. C'est dans cecontexte que l'écrivain anti-guerre français Émile Arnaud a commencé à utiliser le terme pacifisme en français (du mot pacifique, qui signifie "paisible"). Les délégués ont également adopté le terme pacifisme lors de la 10e Conférence internationale de la paix qui s'est tenue à Glasgow en 1901.

L'argument central de toute la pensée pacifiste est que rien ne justifie le recours à la violence ou à la force physique. Les pacifistes pensent donc que toute forme de changement social ou de résolution de conflit ne peut se faire que par des moyens pacifiques. L'un de ces moyens non violents est la désobéissance civile, qui consiste à désobéir à des lois ou à des règles que l'on estime injustes.

La révolution

L'anarchisme est fondamentalement une doctrine révolutionnaire. Toutes les écoles de pensée anarchiste s'accordent sur le principe de base selon lequel l'État est oppressif et impose des limites injustes à la liberté humaine. Pour remplacer l'État et créer une société anarchiste, une forme de révolution doit avoir lieu. Les différentes écoles d'anarchisme ne sont pas d'accord sur la forme que doit prendre cette révolution, sur la nécessité de recourir à la violence pour y parvenir et sur la forme d'organisation sociale qui doit remplacer l'État. Pour les anarcho-pacifistes, la révolution ne peut se faire que pacifiquement, sans recours à la violence.

Dans la pensée anarcho-pacifiste, les deux principes fondamentaux que sont l'anti-étatisme et le pacifisme sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Pour l'anarcho-pacifiste, la violence signifie qu'un individu exerce un pouvoir sur un autre. La différence de pouvoir distribué entre ces deux individus entraîne une hiérarchie, ce qui est fondamentalement en contradiction avec les principes anarchistes fondamentaux d'égalité et de liberté. De même, par leur nature même, les États nécessitent l'utilisation d'au moins une forme de violence et de coercition sous une forme ou une autre pour se créer et se maintenir, ce qui n'est clairement pas conciliable avec la position pacifiste. Par conséquent, pour l'anarcho-pacifiste, l'anarchisme mène logiquement au pacifisme, et le pacifisme mène logiquement à l'anarchisme.

Protestation non violente et désobéissance civile

Étant donné qu'ils sont fondamentalement opposés à l'idée de provoquer une révolution par des moyens violents, les anarcho-pacifistes ont tendance à mettre l'accent sur l'utilisation de protestations non violentes et de la désobéissance civile.

La désobéissance civile est également appelée résistance passive et désigne le refus d'un citoyen de se conformer à certaines lois, mais pour être considéré comme de la désobéissance civile, ce refus doit être non violent.

Symbole et drapeau de l'anarcho-pacifisme

Comme beaucoup d'autres écoles de pensée anarchiste, le mouvement anarcho-pacifiste possède également un ensemble de symboles pour s'identifier. Tout d'abord, le drapeau anarcho-pacifiste se compose d'un espace divisé en diagonale, avec le blanc - la couleur du pacifisme - dans la partie supérieure droite et le noir - la couleur de l'anarchisme - sur le côté inférieur gauche. Les anarchistes utilisent également l'étoile à cinq branches, qui est divisée - dans le cas des anarcho-pacifistes - en une moitié blanche et une moitié noire. Parmi les autres symboles anarcho-pacifistes, on trouve le symbole du "A" noir et blanc à l'intérieur d'un cercle, comme le symbole international de la paix. Les chrétiens anarcho-pacifistes peuvent également utiliser l'image biblique d'une colombe portant un rameau d'olivier dans son bec. Un autre symbole anarcho-pacifiste courant est un fusil cassé.

Fig. 3 - Drapeau anarcho-pacifiste de base

Livres sur l'anarcho-pacifisme

Les livres suivants sont ceux de penseurs clés dans le domaine de l'anarcho-pacifisme.

Léon Tolstoï, Le Royaume de Dieu est en vous, 1894

Léon Tolstoï était un romancier et un anarchiste chrétien russe qui prônait la non-violence en s'appuyant sur les enseignements de la Bible. Le titre de ce livre provient d'une phrase qui apparaît dans le 17e chapitre de l'Évangile de Luc. Dans son livre, Tolstoï critique l'église et son utilisation des textes bibliques pour justifier la violence, soulignant au contraire la soumission volontaire du Christ à la capture, au procès et à la crucifixion.

Henry David Thoreau, La désobéissance civile, 1849

Dans La désobéissance civile , Thoreau affirme que le gouvernement est un gouvernement mauvais et injuste, en prenant le gouvernement américain comme exemple et en citant la guerre et l'esclavage comme preuves de son point de vue. Thoreau affirme que le pouvoir du gouvernement provient du soutien qu'il a obtenu de la majorité, par opposition à l'autorité morale. Thoreau s'oppose à la collaboration avec les gouvernements, même si les individus tentent de réaliser des réformes de l'intérieur.

Bart de Ligt, La conquête de la violence : un essai sur la guerre et la révolution, 1937

Dans son célèbre essai, l'anarcho-pacifiste néerlandais Bart de Ligt aborde les exemples historiques de non-violence, notamment les protestations du Mahatma Gandhi contre la domination britannique en Inde. Si Bart de Ligt fait l'éloge de certaines actions de Gandhi, il critique également son opportunisme en ne s'opposant pas à la conscription dans l'armée britannique. L'argument central de cet essai est que la violence et la révolution sont des concepts fondamentalement inconciliables.

Citations sur l'anarcho-pacifisme