Anarcho-syndicalisme

Définition de l'anarcho-syndicalisme

Comme tu peux le voir dans le graphique, l'anarcho-syndicalisme est une forme de pensée anarchiste. En tant que tel, l'anarcho-syndicalisme partage la croyance anarchiste fondamentale selon laquelle les structures étatiques sont oppressives et que le potentiel humain est mieux atteint sans une forme traditionnelle de gouvernement.

Fig. 1 - Les différentes branches de la pensée anarchiste

Le graphique nous montre également que l'anarcho-syndicalisme appartient à la branche collectiviste de la pensée anarchiste et qu'il est fortement influencé par les idées marxistes, communistes et socialistes. Les anarcho-syndicalistes partagent le point de vue communiste selon lequel le capitalisme est un système économique oppressif qui ne pourra jamais répondre aux besoins essentiels des travailleurs de manière équitable et juste. Comme les communistes, les anarcho-syndicalistes pensent que les moyens de production devraient être collectivisés, ou placés entre les mains des travailleurs. Ce n'est qu'à cette condition que les ressources seront réparties équitablement au sein de la société, ce qui permettra aux travailleurs de mener une vie heureuse et épanouie, sans dépendre de bas salaires.

Ce qui différencie l'anarcho-syndicalisme des autres types d'anarchisme collectiviste, c'est la façon dont cette société juste doit être réalisée. Contrairement à la plupart des communistes, les anarcho-syndicalistes pensent qu'un État fort n'est pas une condition préalable à la réalisation du contrôle des travailleurs sur les moyens de production. Les anarcho-syndicalistes pensent que les travailleurs doivent se regrouper ensyndicats pour prendre le contrôle des moyens de production. Les anarcho-syndicalistes pensent que ces syndicats - tant qu'ils sont dirigés démocratiquement - suffisent à maintenir l'ordre et la justice dans la société et qu'aucune autre forme d'État ou de gouvernement n'est nécessaire.

Théorie de l'anarcho-syndicalisme

La théorie anarcho-syndicaliste est également très fortement influencée par les écrits de Georges Sorel, né en France en 1847. Sorel a commencé sa carrière en tant que libéral-conservateur avant de s'orienter progressivement vers la pensée marxiste, la social-démocratie et - enfin - le syndicalisme. Sorel soutenait que les changements politiques indispensables et la fin d'un ordre capitaliste oppressif ne pouvaient venir que d'une révolution prolétarienne. Il affirmait également que la meilleure stratégie pour réaliser cette révolution était une grève générale paralysante organisée par des syndicats - ou unions - de travailleurs, organisés par métier ou par industrie.

Sorel pensait qu'après la révolution, ces syndicats pourraient constituer la base d'une organisation sociale, politique et économique fondée sur les principes de la solidarité et de la démocratie directe. Il appelait cette forme d'organisation le syndicalisme et affirmait qu'il s'agissait de la seule alternative viable à l'État, qui agirait toujours dans l'intérêt de la classe capitaliste. Fait important, Sorel soutenait que la révolution pouvait survenir par des moyens violents et que, dans le cas d'une lutte des classes, une révolution violente pouvait en fait sauver la société de la barbarie.

Fig. 1 - Portrait de l'anarcho-syndicaliste Georges Sorel

Histoire de l'anarcho-syndicalisme

L'Association internationale des travailleurs (IWA) est une fédération mondiale composée de syndicats anarcho-syndicalistes. À l'apogée de son influence dans les années 1920 et 1930, l'IWA représentait des millions de travailleurs dans le monde entier. Les membres individuels de l'IWA ont participé activement à des luttes dans le monde entier, notamment à la guerre civile espagnole. La prolifération des régimes fascistes dans les années 1930 et la persécution des anarchistes ailleurs ont sérieusement réduit la force mondiale de l'IWA à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Fig. 3 - Le chat noir, symbole de l'anarcho-syndicalisme et des Industrial Workers of the World (IWW). iww.org.uk

Pendant la révolution espagnole de la fin des années 1930, la région de Catalogne a été gouvernée conformément aux idéaux anarcho-syndicalistes et anarcho-communistes entre 1936 et 1939. Les syndicats ont pris la responsabilité des affaires économiques et sociales, la Confédération nationale du travail (CNT) étant le plus grand syndicat de la Catalogne révolutionnaire. En Catalogne, environ 70 % de l'économie était sous le contrôle du syndicat des travailleurs. Les droits des femmes et la collectivisation de diverses entreprises étaient mis en avant par les révolutionnaires catalans, qui s'inspiraient des travaux de Peter Kropotkin.

Fig. 4 - Drapeau de la Confédération nationale du travail (CNT)

Alors que la Catalogne révolutionnaire était l'exemple du territoire anarcho-syndicaliste le plus grand et le plus réussi de l'histoire, la Catalogne révolutionnaire a finalement été placée sous le contrôle des forces nationalistes dirigées par le général Franco en 1939. Le manque de longévité du mouvement anarcho-syndicaliste en Espagne a été attribué à la relation de collaboration de la CNT avec le gouvernement républicain de Catalogne.

Alors que la guerre civile espagnole s'éternise, la CNT est contrainte de collaborer avec le gouvernement républicain socialiste (mais évidemment pas anarchiste), et un certain nombre de milices et d'autres organisations passent sous le contrôle de l'État. Cette trahison des valeurs ^anarchistes1, qualifiée de collaborationnisme, a suscité le mécontentement de la base. Avec la victoire des forces fascistes du général Francisco Franco en 1939, la CNT a été interdite ainsi que toute expression publique de l'anarcho-syndicalisme.

Croyances de l'anarcho-syndicalisme

Pour les anarcho-syndicalistes, le but de l'action politique est de remplacer l'État par une forme syndicaliste d'organisation politique, sociale et économique. Bien que les anarcho-syndicalistes puissent avoir des convictions légèrement différentes sur le moment exact où la société sera prête pour la révolution, et sur la façon de provoquer cette révolution, il existe trois principes auxquels tous les anarcho-syndicalistes souscrivent, et qui influencent leurs modes d'action.

L'action directe

Les anarcho-syndicalistes soutiennent l'action directe des travailleurs. Cela signifie que les individus utilisent leur propre pouvoir pour faire changer les choses plutôt que de s'en remettre à un représentant politique. L'action directe peut être violente ou non violente, et un exemple courant d'action directe entreprise par les anarcho-syndicalistes serait les manifestations et les grèves. Les anarcho-syndicalistes pensent que ce n'est que par l'action directe que les travailleurs pourront obtenir des concessions de la part des dirigeants capitalistes.

Fig. 5 - Le chat noir de l'anarcho-syndicalisme approuvant l'action directe.

La solidarité

Les anarcho-syndicalistes croient que tous les travailleurs, quelles que soient les particularités de leur lutte, sont tous victimes du même système capitaliste et qu'ils sont tous engagés dans la même bataille fondamentale contre l'oppression capitaliste. Par conséquent, les anarcho-syndicalistes ont tendance à mettre l'accent sur la notion de solidarité entre les travailleurs et ils peuvent être très actifs dans le soutien des luttes menées par les travailleurs de secteurs ou d'industries très différents des leurs.

La solidarité anarcho-syndicaliste peut également s'exprimer pour des causes politiques qu'ils estiment liées à l'oppression capitaliste générale, même s'il s'agit de luttes pour l'autodétermination ethnique ou nationale, l'autonomie régionale ou d'autres luttes de minorités. Les syndacalistes pensent que pourparvenir à une véritable libération, les travailleurs doivent s'unir et se soutenir mutuellement dans la révolution.

Démocratie directe

Le concept de syndicalisme en tant que mode d'organisation de la société repose sur le principe de la démocratie directe. Les syndicats ne peuvent fonctionner que s'ils sont dirigés démocratiquement et que les décisions ne sont prises qu'après avoir entendu tous les points de vue. Les organisations anarcho-syndicalistes ont tendance à s'engager dans la démocratie directe délibérative, avec beaucoup d'espace pour la consultation et le vote sur les décisions clés. Pour les anarcho-syndicalistes, la direction démocratiquement élue est la seule forme d'autorité valable, et les dirigeants ou les représentants doivent être entièrement responsables devant les travailleurs qui les ont élus.

Livres anarcho-syndicalistes

Tu trouveras ci-dessous quelques textes qui ont eu une influence sur la pensée anarcho-syndicaliste :

George Sorel - Réflexions sur la violence 1908

Le livre de Sorel, Réflexions sur la violence, a eu une influence même au-delà des cercles de gauche et syndicalistes. Dans ce livre, Sorel parle de la violence non pas comme d'une force terrifiante pour le mal, mais comme de quelque chose de créatif, de vivifiant et même de vertueux. L'idée est que la violence peut conduire à des "révolutions catastrophiques", des moments dans l'histoire où des choses qui semblent statiques et immuables sont renversées, ouvrant ainsi un espace pour la régénération morale de la société humaine.

Sorel a également souligné l'importance des "mythes", qu'il définit comme une intention d'action. Il considérait la grève révolutionnaire comme un "mythe", dans le sens où l'idée de la révolution avait le pouvoir d'inspirer une action de la part de ceux qui entraient en contact avec elle. Elle pouvait inciter les travailleurs à se soulever et elle pouvait affaiblir la détermination de la classe politique et la pousser à faire des concessions. Bien que Sorel soit souvent considéré comme un penseur ayant influencé la pensée de gauche ou socialiste, ses idées sur le mythe et la violence ont également été reprises par des individus d'extrême droite, tels que les fascistes en Italie et les nazis en Allemagne.

Rudolph Rocker - Anarcho-syndicalisme : Théorie et pratique 1937

Rudolph Rocker était un anarchiste allemand et un contemporain de l'influente anarchiste Emma Goldman qui a poussé Rocker à écrire ce texte. Dans ce livre, Rudolph Rocker donne un aperçu historique de l'anarcho-syndicalisme et décrit les stratégies utilisées par les anarcho-syndicalistes dans des moments historiques tels que la révolution espagnole. Le texte de Rocker sert d'introduction à ceux qui s'intéressent aux idées anarcho-syndicalistes et a été écrit à l'apogée de l'influence anarcho-syndicaliste sur les mouvements révolutionnaires. Rocker exprime son soutien à la croyance selon laquelle les gens ordinaires ont le pouvoir de transformer et de réformer la société afin de satisfaire leurs besoins et d'atteindre la liberté.

1. Andrew Heywood, Political Ideologies Sixième édition, Londres 2017 pg 208 .