Collectivisme

Avantages du collectivisme

Le collectivisme a des côtés positifs. En théorie, il peut conduire à une société sûre et stable : tout le monde partage les mêmes objectifs, travaille dans le même sens et cherche donc à éviter les conflits. Le collectivisme peut également être très efficace ; il permet à une autorité unique ou partagée de contrôler la production et la distribution du travail et des biens dans l'ensemble de la société. De plus, dans une société collectiviste, il est facile d'obtenir de l'aide en cas de besoin : si le problème d'une personne est le problème de tous, tout le monde est motivé pour le résoudre le plus rapidement possible. Enfin, le collectivisme encourage l'altruisme au profit de la collectivité.

Les inconvénients du collectivisme

Bien que l'application du collectivisme semble présenter de nombreux aspects positifs, il y a bien sûr des inconvénients. Le premier d'entre eux est l'abandon de tout objectif individuel ou personnel. Cela peut créer un manque d'individualité et d'innovation, ce qui restreint la liberté individuelle. De plus, si une personne souffre ou échoue, cela signifie que le reste de la société échouera ou souffrira avec elle. Enfin, lorsque tout le monde travaille ensemble à la poursuite d'un objectif collectif, des différences d'attitude peuvent apparaître. Certaines personnes se rabattront sur le fait qu'elles recevront un salaire égal quel que soit le travail qu'elles fournissent. C'est injuste pour ceux qui paient pour le travail et pour ceux qui travaillent efficacement quel que soit le salaire.

L'histoire du collectivisme

Le philosophe britannique Thomas Hobbes, ayant vécu pendant la guerre civile anglaise (1642-1651), soutenait que les gens étaient guidés par des intérêts personnels qui conduiraient à la violence et aux conflits s'ils n'étaient pas contrôlés. Il pensait que les individus devaient abandonner leur liberté à une figure autoritaire centrale qui les mettrait à l'abri des conflits et des querelles individuelles. C'est l'un des premiers exemples dans l'histoire de l'idée de mettre de côté les objectifs individuels pour améliorer la société dans son ensemble.

Le collectivisme a ensuite été développé par le philosophe français des Lumières Jean-Jacques Rousseau. Dans son ouvrage "Le contrat ^social1", il s'oppose à l'idée de division en classes. Il pensait que chaque individu détenait un contrat social, un accord avec le reste de la société. Ce "contrat" oblige les gens à toujours prendre en compte les intérêts communs du groupe et à travailler collectivement pour les atteindre. Rousseau pensait que cela améliorerait la vie de tous au sein de la société.

Karl Marx a développé cet argument en réfléchissant aux maux de la révolution industrielle et a consolidé le concept de collectivisme au 19ème siècle. Le "^Manifeste communiste2" de Marx affirme que Le capitalisme a conduit à l'exploitation de la classe ouvrière pour le bénéfice économique de quelques-uns.

Fig. 1 Karl Marx

Marx soutient que les travailleurs doivent s'organiser et renverser la bourgeoisie pour posséder collectivement, gérer et tirer profit des entreprises pour lesquelles ils travaillent, et éviter l'exploitation future.

La pensée de Marx a eu un impact considérable sur le développement des idées collectivistes et a conduit aux révolutions communistes à Cuba, en Chine, en Corée du Nord et en Russie.

Les principes collectivistes de redistribution des ressources au profit du plus grand nombre peuvent également être vus à l'œuvre dans des situations politiquement moins dramatiques. Par exemple, le New Deal en Amérique (années 1930) et les réformes sociales dans la Grande-Bretagne d'après-guerre ont renforcé l'intervention de l'État pour sortir de la pauvreté les personnes les plus mal loties de la société.

Depuis le marxisme, le collectivisme a réussi à suivre l'évolution de la société, en se concentrant davantage sur le développement du collectivisme économique et du matérialisme sous la forme de philosophies politiques plus modérées telles que le libéralisme moderne et le socialisme révisionniste.

Le collectivisme en tant que système politique

Comment penses-tu que le collectivisme fonctionne dans la pratique ? Regardons les choses de plus près.

Un système social basé sur des idées collectivistes permettra une bonne dose d'intervention gouvernementale. Le gouvernement possédera et gérera les logements, les services et les industries et veillera à ce qu'ils soient tous distribués de manière juste et équitable. Le gouvernement sera également responsable des programmes d'aide sociale tels que l'éducation, les soins de santé, les systèmes d'allocations et de pensions.

En ce qui concerne la dynamique sociale, le collectivisme exige un niveau élevé de coopération entre les citoyens : on attend d'eux qu'ils soutiennent l'intervention du gouvernement et qu'ils s'unissent pour réaliser les programmes sociaux et économiques dont tout le monde peut bénéficier.

En termes de relations interpersonnelles, dans les cultures collectivistes, on attend des gens qu'ils soient serviables, fiables et attentifs aux besoins des autres.

Fig. 2 Carte de l'individualisme et du collectivisme dans le monde, Vert = cultures individualistesRouge = cultures collectivistes

Collectivisme et individualisme

Le collectivisme est l'opposé de l'individualisme : l'un consiste à donner la priorité aux besoins du collectif, tandis que l'autre consiste à donner la priorité aux besoins des individus eux-mêmes. L'individualisme, un concept qui apparaît au sein du libéralisme, se concentre sur les idées suivantes, en opposition directe avec le collectivisme.

• Promouvoir les objectifs individuels : les gens ont leurs propres objectifs et intérêts et devraient être autorisés à les poursuivre. Cela va à l'encontre du collectivisme puisqu'ils partagent leurs objectifs collectivement.

• Promouvoirla propriété individuelle: Contrairement au concept collectiviste de propriété partagée, le libéralisme promeut que les individus possèdent ce qu'ils ont gagné. Si un membre de la société travaille très dur pour gagner plus d'argent, il le mérite, n'est-ce pas ? Préférerais-tu gagner la même chose que tes pairs, quelle que soit ton éthique de travail ? Ou préfères-tu avoir le choix de travailler plus dur et de gagner plus d'argent ?

Collectivisme et communisme

Le collectivisme et le communisme sont étroitement liés, car le collectivisme est un concept central de la théorie économique et politique qu'est le communisme. Cependant, le collectivisme est un principe et non une théorie politique. Le communisme considère le collectivisme comme la base du développement de son meilleur système économique et politique, basé sur le fait que tout le monde travaille de manière égale à la réalisation d'un objectif. En même temps, le communisme est centré sur son opposition au système économique capitaliste de la propriété privée basé sur la recherche du profit.

Exemple de collectivisme

Terminons en examinant deux exemples de collectivisme dans l'histoire. Nous explorons ci-dessous la révolution communiste soviétique et la vie dans les kibboutzim. En lisant, remarque comment les éléments en gras se connectent aux concepts que nous avons explorés à travers l'article.

L'Union soviétique : Selon le politicien révolutionnaire russe Vladimir Lénine, la définition même d'un capitaliste était toute personne qui employait quelqu'un d'autre. Dans le contexte de la Russie du début du 20e siècle, il s'agissait de tout propriétaire terrien qui employait des ouvriers agricoles.

À la fin de la Première Guerre mondiale, Lénine a lancé une politique de collectivisation de toutes les terres agricoles afin d'éliminer l'agriculture privée :

• éliminer l' agricultureprivée, considérée comme l'origine du capitalisme.

• nourrir la population urbaine avec les produits cultivés.

• moderniser l'agriculture

• financer un processus d'industrialisation grâce aux bénéfices des terres agricoles appartenant désormais à l'État.

En réalité, ce processus signifiait que les terres étaient enlevées de force aux agriculteurs qui, s'ils résistaient, étaient tués, déportés ou envoyés dans des camps de travail. Les terres ont ensuite été occupées par des personnes inexpérimentées mais"socialement conscientes" (c'est-à-dire en accord avec le processus de collectivisation) qui ont été amenées à s'y installer depuis les villes. Cela a conduit à un système agricole très improductif que l'État a mal compensé. Le système s'est soldé par une famine et a entraîné la mort de 5,7 à 8,7 millions de personnes, selon les estimations.

Les kibboutz (pluriel=kibboutzim) sont des communautés fondées sur des principes socialistes et sionistes. Les kibboutzim sont apparus au début du 20e siècle. Il s'agissait traditionnellement de communautés agricoles qui ont commencé très petites. Grâce à leur succès, elles comptent aujourd'hui plus de 100 000 personnes et leur économie s'est diversifiée pour inclure des entreprises modernes. L'histoire et la politique internationale des kibboutzim sont complexes, et leur engagement initial en faveur de l'idéologie d'origine s'est quelque peu dilué. Dans le cadre de cet article, nous nous concentrerons sur le collectivisme qu'ils incarnaient à leurs débuts.

Fig. 3. Récolte du coton à la main dans un kibboutz.

Les kibboutzim ont été fondés sur la propriété partagée et l'égalité, avec un fort accent sur l'égalité des sexes. Pour laisser aux femmes la liberté de poursuivre l'objectif du kibboutz, les enfants étaient éduqués collectivement et vivaient dans des maisons d'enfants. Rien n'était possédé individuellement, les membres travaillaient et vivaient ensemble, et toutes les décisions importantes étaient prises par consensus.