Collectivisation

La collectivisation en Russie

En Union soviétique, la collectivisation consistait à transformer les fermes individuelles, contrôlées par une seule personne, en fermes collectives, appartenant à l'État et sur lesquelles travaillaient de nombreuses personnes différentes. Le passage à l'agriculture collective est le fruit de la nouvelle politique économique de Staline, le premier plan quinquennal, et restera un aspect essentiel de ces plans pendant les décennies à venir.

Lorsque le Comité d'État à la planification met en place le premier plan quinquennal sous les ordres de Staline, la collectivisation est considérée comme le meilleur moyen d'augmenter la production céréalière de l'URSS. Bien que le premier plan quinquennal soit axé sur l'industrialisation, la production de céréales et de denrées alimentaires doit encore augmenter pour répondre à la demande d'une main-d'œuvre plus nombreuse et d'une armée en expansion. De même, Staline voulait réduire le pouvoir des Koulaks, une classe de paysans qui s'étaient enrichis en gérant leurs propres fermes.

Collectivisation de l'agriculture en URSS

Voici comment la collectivisation de l'agriculture était censée se dérouler en URSS :

• Les petites fermes indépendantes ont été détruites et les paysans qui y travaillaient ont été envoyés dans des fermes collectives plus grandes, appelées kolkhozy.

• L'État a fourni à ces nouvelles fermes des machines agricoles modernes, comme des tracteurs, afin de rendre la production de céréales plus efficace.

• Les paysans ne travaillaient pas seulement dans ces fermes, ils y vivaient aussi avec leurs familles - il s'agissait essentiellement de communes agricoles.

Fig. 1 - Un ancien kolkhoze

Cependant, le processus était loin d'être simple. Comme on pouvait s'y attendre, les Koulaks ne voulaient pas quitter leurs fermes qui leur avaient été si profitables. Lorsque la collectivisation a été imposée, et non plus seulement encouragée, en 1931, les Koulaks ont réagi en brûlant leurs récoltes, en tuant leur bétail et en détruisant leurs machines pour que l'État ne puisse pas les utiliser. Les nouvelles fermes se sont donc retrouvées désavantagées, car l'idée était d'utiliser les machines et les animaux déjà existants pour donner un coup de fouet aux fermes collectives.

Effets de la collectivisation

Le processus de collectivisation a eu un effet radical sur la vie de millions de personnes en URSS, mais son impact sur le secteur agricole de l'économie soviétique a été inférieur à ce que Staline avait prévu.

Production alimentaire

Sous la collectivisation, la production de céréales a effectivement augmenté, mais les statistiques produites par l'URSS sont à prendre avec des pincettes. Staline n'a pas hésité à gonfler les chiffres de la production céréalière pour donner une meilleure image de l'URSS, et c'était dans son intérêt.

Depuis les années 1930, les chiffres produits par l'Union soviétique ont été réexaminés et ajustés pour tenter de refléter la production réelle, mais celle-ci reste incertaine. Il nous reste les chiffres donnés par l'URSS dans les années 1930 et les estimations de la production réelle faites par l'Occident. Le tableau ci-dessous montre la différence entre les deux séries de statistiques pour la production de céréales.

Bien que les schémas des deux séries de statistiques soient globalement les mêmes, les différences dans les estimations de la production suggèrent que la collectivisation n'apportait pas la transformation agricole dont l'URSS avait besoin et que Staline souhaitait. Évidemment, certaines de ces années ont connu des circonstances atténuantes : la révolte des Koulaks au cours des premières étapes de la collectivisation a entravé les progrès, tout comme la sécheresse de 1931. Cependant, l'URSS n'a généralement pas atteint les objectifs ambitieux fixés dans le cadre des plans quinquennaux de Staline, les objectifs initiaux devant presque toujours être revus à la baisse pour un certain nombre de raisons.

Fig. 2 - Joseph Staline, dirigeant soviétique pendant la collectivisation

Le nombre de têtes de bétail dans les kolkhozes a chuté avec l'introduction de la collectivisation en raison de la révolte des Koulaks ainsi que de la sécheresse et de la famine qui ont sévi entre 1931 et 1934. Ce n'est qu'en 1935 que le nombre de têtes de bétail a commencé à remonter à son niveau de 1929. Au cours de ses premières années, la collectivisation a causé plus de problèmes qu'elle n'en a résolus.

La collectivisation : La famine

De 1931 à 1934, l'Union soviétique a connu l'une des pires famines de son histoire : environ 5 à 8 millions de personnes sont mortes de faim.

Cette famine a été, en grande partie, causée par l'impact du plan de la première année et la collectivisation de l'agriculture - voici pourquoi :

• La priorité donnée à l'industrialisation signifiait que la main-d'œuvre agricole diminuait au moment précis où elle devait s'accroître.

• La résistance des Koulaks à la collectivisation a entraîné la perte d'un grand nombre de récoltes et de bétail, ce qui a ralenti la production agricole dans les fermes collectives.

• Les fermes collectives appartenant à l'État signifiaient qu'il n'y avait pratiquement aucune limite à la quantité de céréales que l'État pouvait réquisitionner dans ces fermes. Avec l'expansion rapide de la main-d'œuvre industrielle, de la construction et des centres urbains, l'État leur a donné la priorité en matière de nourriture, ne laissant que très peu de ressources à la main-d'œuvre agricole.

• L'État voulait également exporter le plus de céréales possible pour financer l'expansion industrielle.

• Les terres agricoles ont été trop plantées, le sol n'a pas été régénéré et il y avait peu de nourriture pour le bétail, ce qui a entravé le progrès agricole - les dirigeants de l'Union soviétique ont ignoré ces problèmes, ce qui signifie qu'ils n'ont fait qu'empirer avec le temps.

Tous ces facteurs ont contribué à une grave pénurie de nourriture pour les habitants des régions agricoles de l'URSS au début des années 1930.

Les estimations du nombre de victimes de la famine de l'Holodomor ont varié au fil des ans, les estimations actuelles s'élevant à environ 3,9 millions sur les 5 à 8 millions de morts totales en URSS au cours de la période de famine de 1931-1944. Si la qualification de génocide est encore contestée par les historiens (bien que reconnue par l'Ukraine), il est clair que les effets de la politique de collectivisation ont contribué de manière significative à la famine en URSS et ont été manipulés par Staline afin de cibler l'Ukraine et son peuple.

La collectivisation : Résumé

En 1936, avec de nombreuses pertes en cours de route, un peu plus de 90 % des terres agricoles de l'Union soviétique sont tombées sous le coup de la collectivisation. La majeure partie du pays étant soumise à des politiques socialistes, Staline s'est replié sur lui-même à la fin des années 1930, cherchant à purger toute opposition potentielle au sein de son parti. La Seconde Guerre mondiale a entraîné un certain renversement de la collectivisation avec l'occupation allemande, mais cela n'a pas duré longtemps.

Fig. 3 - Timbre soviétique vantant les mérites de la campagne des Terres vierges

Le successeur de Staline, Nikita Khrouchtchev, moins intransigeant, a annoncé en 1953 la campagne des Terres v ierges, dans le cadre de laquelle des terres non cultivées au Kazakhstan ont apporté un répit temporaire aux pénuries alimentaires.