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Mitrailleuses, grenades, gaz, chars, sous-marins, obus. La violence inédite de la Première Guerre mondiale ouvre la voie à des pratiques violentes dans certains pays en reconstruction, qui adoptent violence politique, culte du chef, exécutions, déportations et autres répressions. Ce phénomène a été décrit par George Mosse en 1990 comme la « brutalisation des sociétés ».1 Les pratiques de violences de…
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Jetzt kostenlos anmeldenMitrailleuses, grenades, gaz, chars, sous-marins, obus. La violence inédite de la Première Guerre mondiale ouvre la voie à des pratiques violentes dans certains pays en reconstruction, qui adoptent violence politique, culte du chef, exécutions, déportations et autres répressions. Ce phénomène a été décrit par George Mosse en 1990 comme la « brutalisation des sociétés ».1 Les pratiques de violences de guerre, normalement adoptées uniquement en temps de conflit, sont intégrées aux sociétés en paix.
Cette brutalisation des sociétés entraîne dans l'Europe de l'entre-deux-guerres la montée du nationalisme et du totalitarisme, notamment le bolchévisme et le stalinisme en URSS, le fascisme en Italie et le nazisme en Allemagne.
Après la chute d’anciennes monarchies européennes à la fin de la Première Guerre mondiale, une instabilité politique s’installe, même dans les pays victorieux. L'Europe connaît l'accalmie des années folles, mais la crise de 1929 affaiblit encore plus les démocraties européennes. Des mouvements politiques radicaux émergent, en particulier le nationalisme.
Au début des années 1920, la situation économique de la France s'améliore. Comme dans d'autres pays, la France connait alors une effervescence culturelle et intellectuelle majeure. Paris devient un centre mondial d'activité artistique. La population souhaite oublier les traumatismes de la guerre : c'est notamment l'heure de gloire du surréalisme, des spectacles de revue et de l'Art Déco et l'apparition du jazz, de la radio et du cinéma.
À la fin des années 1920, l'économie des États-Unis est en surchauffe. De nombreux investisseurs spéculent par achats à crédit, espérant s'enrichir. Les industries produisent tellement de biens qu'elles manquent de consommateurs. Cette surproduction et la flambée des cours de la bourse entraînent le jeudi noir du 24 octobre 1929. Plus personne n'achète de titres financiers et la semaine suivante, le marché s'effondre.
La crise devient alors économique. Affectées par des problèmes de trésorerie, de grandes entreprises font faillite et de nombreuses personnes perdent leur emploi. C'est le début de la Grande Dépression, la crise économique la plus sévère et la plus longue de l'histoire moderne mondiale. Elle dure une dizaine d'années.
La France est touchée au début des années 1930. Comme dans les autres pays, l'activité économique est faible, le chômage généralisé et les prix augmentent, entraînant un appauvrissement de la population. Les gouvernements se succèdent : la crise est aussi politique.
En raison du régime parlementaire de la Troisième République, les gouvernements sont facilement défaits par le Parlement. Cette tendance est accentuée par la crise économique : d'octobre 1929 au régime de Vichy en 1940, 28 gouvernements se succèdent, avec une moyenne de 4 à 5 mois au pouvoir.
Image 1. Chômeurs devant une soupe populaire à Paris en 1932
Dans l'entre-deux-guerres, le nationalisme, à la fois courant de pensée et doctrine politique, prend de l'ampleur en Europe. Il défend les caractéristiques propres à une nation considérée comme supérieure. Son exaltation des valeurs traditionnelles s'accompagne de xénophobie, parfois de racisme et d'une volonté d'isolement culturel et économique, soit du protectionnisme.
En France, stimulés par la crise économique et la lente reconstruction du pays après la Première Guerre mondiale, ces mouvements nationalistes ont le vent en poupe. C'est l'âge d'or des ligues d'extrême droite qui sont antiparlementaristes, antibolchéviques, bellicistes et occasionnellement antisémites. Elles diffusent leur idéologie par le biais de journaux et mènent des actions violentes, comme lors des émeutes de 1934.
Image 2. Affiche antisémite de l'Action française, 1938
D'autres pays d'Europe connaissent le même phénomène comme l'Italie, l'Allemagne ou l'Espagne.
Le général Franco profite de la guerre civile espagnole et prend le pouvoir en 1936. Soutenu par Hitler, il installe une dictature jusqu’à sa mort en 1975. Les valeurs franquistes sont le nationalisme, la tradition, le corporatisme et la religion catholique.
Le nationalisme de l'entre-deux-guerres se concrétise en Italie et en Allemagne en des régimes totalitaires.
Le totalitarisme désigne un système dans lequel tous les aspects de la société sont contrôlés par l’État, sans qu’aucune opposition ne soit acceptée. Parmi les régimes totalitaires, on a le stalinisme, le fascisme de Mussolini et le nazisme.
La nouvelle Matin Brun de Franck Pavloff publiée en 1998, décrit l'installation insidieuse d'un État totalitaire dans une vie ordinaire.2
Lénine, partisan du bolchévisme, arrive au pouvoir en Russie en 1917 après la révolution russe. Il crée le Kominterm en 1919 pour que la révolution devienne mondiale. Il rassemble en 1922 des pays européens et asiatiques devenus socialistes au sein de l'Union des républiques socialistes soviétiques, ou URSS.
Bolchévisme : courant politique révolutionnaire marxiste, donc anticapitaliste et basé sur l'opposition de la bourgeoisie et du prolétariat. Il se déclare agir pour la « dictature du prolétariat ».3
Un régime de terreur s'installe, écrasant toute opposition. La Tchéka, devenue Guépéou en 1922, organe de combat arbitraire, s'attaque aux ennemis du parti communiste. Les opposants sont pris en otage ou envoyés dans des camps de travail, le Goulag.
Le parti communiste dirige, commande et domine tout l'appareil de l'État.
Constitution de la république de Russie, 1918
Lénine impose sa vision du marxisme, le marxisme-léninisme. Les premières collectivisations des moyens de production ont lieu, même si elles sont encore peu nombreuses. L'ouvrier est érigé au rang d'idéal, comme en démontre la propagande de l'époque.
Image 3. Affiche de propagande communiste
Après la mort de Lénine en 1924, Joseph Staline, secrétaire général du parti communiste, prend le pouvoir une fois ses opposants éliminés. Il durcit les politiques de son prédécesseur et impose le stalinisme.
Stalinisme : idéologie et ensemble des pratiques politiques, économiques et sociales développées par Staline de 1924 à 1953. Elles sont ensuite adoptées par les autres partis communistes.
Officiellement communiste, donc prônant le pouvoir à la classe ouvrière, le stalinisme est une répression de toute la population. Le but de Staline est de réaliser sa vision de grandeur de l'URSS, avec lui comme chef suprême.
Voilà quelques éléments qui font de l'URSS staliniste un État totalitaire :
Au sens le plus strict, le fascisme désigne le régime dirigé par Benito Mussolini en Italie de 1922 à 1945. Plus généralement, on le définit comme suit :
Fascisme : idéologie politique collectiviste qui promeut le nationalisme. Une identité ethnique ou raciale spécifique est souvent rattachée à cette identité nationale. Un État fasciste est tout-puissant : il décide de la moralité, les droits des individus sont marginaux et la violence devient un outil politique.
En 1919, dans une Italie en proie à des difficultés économiques, apeurée de la montée du communisme et rancunière de la Première Guerre mondiale, Benito Mussolini fonde le parti fasciste, qui obtient plusieurs sièges parlementaires en 1921. Ses Chemises noires, un groupe armé majoritairement composé d’anciens combattants, s’attaquent aux ennemis de la nation, particulièrement aux organisations socialistes.
Après la marche sur Rome des fascistes le 28 octobre 1922 et par crainte d'une guerre civile, le roi Victor-Emmanuel II nomme Mussolini Premier ministre d’Italie.
Mussolini mine progressivement le fonctionnement démocratique du pays. En 1925, il se nomme officiellement Il Duce et n’est plus légalement responsable devant le parlement. C’est l’installation officielle du fascisme en Italie.
Tout dans l'État, rien contre l'État, rien en dehors de l'État.
Discours à la Chambre des députés, 1927, Benito Mussolini
Le parti fasciste est l’unique parti autorisé. Les Chemises noires deviennent une milice légale, la Milice volontaire pour la sécurité nationale (MVSN).
Image 4. Une division de la milice des « Chemises noires » en 1936 à Rome
Nostalgique de la puissance de l'Empire romain, Mussolini s'engage dans l’expansion impérialiste, le conservatisme social (soit la police des bonnes mœurs) et l’autarcie économique. Il exerce un contrôle total sur le pays.
C'est en Allemagne que les rancœurs post-Première Guerre mondiale sont les plus fortes. La majorité de la population rejette les lourdes réparations exigées par le traité de Versailles, vécu comme un Diktat, soit une « chose dictée ». La légende du « coup de poignard dans le dos » voit le jour. Elle dédouane l'armée allemande, accusant la population civile, les Juifs et les mouvements de gauche d'être les vrais responsables de la défaite.
Adolf Hitler rejoint un groupuscule d'extrême droite en 1919 et l'année d'après, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands, NDSAP ou parti nazi, est fondé. À la fin des années 1920, le parti gagne en popularité, sur fond de crise économique et de revanchisme.
Revanchisme : propagande qui défend l'idée de revanche, après une défaite militaire. Dans l'entre-deux-guerres, l'Allemagne vaincue et humiliée par le traité de Versailles a soif de revanche.
Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier de l'Allemagne. En février, c'est l'incendie du Reichstag, l'assemblée parlementaire. Après une campagne contre les communistes, faussement accusés de l'acte criminel, le parti nazi remporte les élections législatives de mars 1933. Le 24 mars 1933, les pleins pouvoirs sont votés à Hitler. Il fait du parti nazi l'unique parti autorisé du IIIᵉ Reich en juillet 1933.
Image 5. Livret du programme du parti nazi, 19274
Plébiscité à 84 % le 19 août 1934, Hitler devient officiellement chancelier et président du Reich, fonction qu'il exerce officieusement depuis l'année précédente. Hitler est tout-puissant. Il élimine ses opposants, même des membres de son propre parti, comme lors de la nuit des Longs Couteaux en juin 1934.
Il prône l'identité raciale aryenne de certains individus considérés comme purs, contre des races dites inférieures, comme les Roms, les hommes homosexuels et les personnes de religion juive. Ces populations sont progressivement exclues de la société et persécutées. Les magasins tenus par des personnes juives sont d'abord boycottés, puis les Lois de Nuremberg de 1935 leur ôtent la nationalité allemande et institutionnalisent l'antisémitisme en Allemagne. À partir de 1938, les rafles et les internements dans des camps de concentration se multiplient.
L'État est un organisme racial et non une organisation économique.
Mein Kampf, 1925, Adolf Hitler5
Ce régime de terreur est possible grâce à la toute-puissance de la police politique Gestapo et de l'organisation paramilitaire Schutzstaffel, ou SS. Hitler s'engage aussi dans une remilitarisation du pays et dans l'expansion territoriale du IIIᵉ Reich. L'Autriche est ainsi annexée lors de l'Anschluss en 1938 et l'invasion de la Pologne l'année d'après déclenche la Seconde Guerre mondiale.
Dans le tableau suivant, tu peux voir les caractéristiques communes des trois régimes totalitaires de l'entre-deux-guerres :
URSS | Italie | Allemagne | |
Parti unique | Parti communiste | Parti fasciste | Parti nazi |
Culte du chef | Joseph Staline | Benito Mussolini | Adolf Hitler |
Police d'État | NKVD | OVRA | Gestapo |
Interventionnisme de l'État | 🗸 | 🗸 | 🗸 |
Propagande | 🗸 | 🗸 | 🗸 |
Organisation de jeunesse | Komsomols | Opera Nazionale Balilla | Jeunesses hitlériennes |
Idéologie centrale | Fascisme : nationalisme et expansionnisme | Antisémitisme, nationalisme, expansionnisme | |
Symbole de renouveau | L'ouvrier | L'homme viril | L'aryen |
Le 23 août 1939, juste avant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, pays rivaux, signent le pacte germano-soviétique de non-agression. Les deux États s’engagent à ne pas s’attaquer pendant dix ans. Dans un protocole secret, ils se partagent aussi l’Europe de l’Est, établissant leurs sphères d’influence respectives.
Le pacte est brisé le 22 juin 1941 par Hitler, qui attaque l'URSS lors de l’opération Barbarossa.
C'est George Mosse qui parle en 1990 de la brutalisation des sociétés, dans son ouvrage De la grande guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes.
Le concept de brutalisation des sociétés désigne l'adoption de pratiques de violences de guerre, normalement adoptées uniquement en temps de conflit, par des sociétés en paix.
La notion de culture de guerre désigne les représentations qu'ont de la guerre ses contemporains, pendant le conflit et après celui-ci.
Elle est élaborée par Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker en 2000, en référence à la Première Guerre mondiale.
L'entre-deux-guerres est marquée par les années folles ainsi qu'une grave crise économique. Politiquement, c'est la brutalisation des sociétés, avec la montée du nationalisme et des totalitarismes.
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