Guerre froide

Pourquoi parle-t-on de guerre « froide » ?

On l’appelle la guerre froide pour un certain nombre de raisons :

• Tout d’abord, ni l’Union soviétique ni les États-Unis ne se déclarent officiellement la guerre. En fait, il n’y a jamais de combats directs à grande échelle entre les deux superpuissances.

• La guerre n’est menée que par le biais de conflits indirects. Les États-Unis et l’URSS soutiennent des conflits régionaux dans leurs propres intérêts, connus sous le nom de guerres par procuration.

• Cela décrit les relations « froides » entre les deux alliés de la Seconde Guerre mondiale.

Qui sont les principaux participants à la guerre froide ?

Voici les principaux participants à la guerre froide.

La Grande Alliance et les « Trois Grands »

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les trois grandes puissances alliées, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Union soviétique, forment une Grande Alliance afin de vaincre l’Allemagne nazie. Cette alliance est dirigée par les « Trois Grands » : Churchill, Roosevelt et Staline. Ces trois dirigeants représentent les trois grandes puissances, principaux contributeurs en termes de main-d’œuvre, de ressources, et de stratégie.

Une série de conférences entre les dirigeants alliés et leurs responsables militaires leur permet de décider progressivement de l’orientation de la guerre, des membres de l’alliance et, finalement, de l’ordre international d’après-guerre.

Image 1. Les « Trois Grands » : Joseph Staline, Franklin D Roosevelt et Winston Churchill à Téhéran,1943

Bloc de l’Ouest

Le bloc de l’Ouest est dirigé par les États-Unis d’Amérique. Les États-Unis représentent le capitalisme, avec l’économie la plus forte (en termes de PIB) du monde pendant la guerre froide et jusqu’à aujourd’hui. Ils sont également connus comme les leaders du « monde libre », un terme de propagande utilisé pour désigner le bloc occidental, car ils représentent collectivement la plus grande démocratie du monde.

Pendant la guerre froide, le bloc occidental est constitué des États-Unis et de leurs alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Cette alliance doit servir de contrepoids militaire au bloc soviétique.

Image 2. Drapeau de l’OTAN

L’objectif de l’alliance est de dissuader les Soviétiques d’étendre leur influence en Europe en permettant une forte présence nord-américaine sur le continent et en encourageant l’intégration politique européenne.

Bloc soviétique

Le bloc de l’Est est dirigé par l’Union soviétique, officiellement l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). L’URSS est un État socialiste qui s’étend sur l’Europe et l’Asie pendant son existence, de 1922 à 1991 avec toutes sortes d’États satellites. Après les États-Unis, elle est le deuxième État le plus puissant et son objectif est de répandre le communisme dans le monde entier.

Le système politique de l’Union soviétique est une République soviétique fédérale à parti unique. L’URSS est divisée en plusieurs fédérations et un seul parti politique est autorisé : le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). Cela signifie que l’Union soviétique est essentiellement un régime totalitaire.

Comme dans tout totalitarisme, il n’y a pas d’élections démocratiques et la possibilité de changer le gouvernement par des élections est nulle. L’État possède toutes les entreprises et les usines, ainsi que les terres. Le parti communiste est contrôlé par un seul dirigeant. Les droits et libertés individuels des citoyens sont jugés moins importants que l’obéissance à l’État. Enfin, le gouvernement contrôle les médias et censure tous ceux qui s’opposent.

Le mouvement des non-alignés

En 1955, dans le contexte de la vague de décolonisation mondiale, les délégués de 29 pays se réunissent à la conférence de Bandung, également appelée conférence Asie-Afrique. Ils font valoir que les pays en développement doivent rester neutres et ne pas s’allier avec les États-Unis ou l’URSS, mais plutôt s’unir pour soutenir l’autodétermination nationale afin de combattre l’impérialisme.

La carte ci-dessous montre comment le monde est divisé pendant la majeure partie de la guerre froide :

Image 3. Carte des alliances durant la guerre froide, 1980

Résumé : guerre froide à l'horizon

Un résumé de la guerre froide nécessite d'abord d'analyser les causes potentielles qui la déclenchent. Certains sujets pourront être abordés plus en profondeur dans d'autres résumés dédiés.

Début des tensions

Tout d’abord, l’alliance en temps de guerre entre les États-Unis et l’URSS est une alliance de circonstances et non d’idéologie. Lorsque Hitler rompt le pacte de non-agression signé avec Staline et envahit l’Union soviétique, il prend l’Armée rouge par surprise et réalise d’importants gains territoriaux. Cela force l'URSS à rejoindre les puissances alliées.

Cela signifie qu’il existe de nombreuses tensions et situations complexes entre les alliés :

• Les Alliés ne sont pas certains de la loyauté de Staline, car il s’allie à Hitler en 1939 par le biais du pacte germano-soviétique.

• Les États-Unis n’ouvrent un second front en France qu’en 1944, retardant ainsi l’invasion de l’Europe, après avoir ouvert un front en Italie durant l’été 1943. Ce retard permet à Hitler de concentrer ses forces contre les Soviétiques.

• Les États-Unis et le Royaume-Uni excluent les Soviétiques des pourparlers secrets avec les Allemands.

• Le président américain Harry Truman omet d’informer Staline qu’il déploie des bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. La suspicion et la méfiance de Staline à l’égard de l’Occident s’intensifient.

• La victoire américaine dans le Pacifique, sans l’aide soviétique, aliène encore plus Staline et l’URSS se voit refuser toute part de l’occupation dans cette région.

• Staline pense que les États-Unis et la Grande-Bretagne laissent l’Allemagne et l’Union soviétique s’affronter afin d’affaiblir les deux pays.

Différences idéologiques et propagande

Depuis la Première Guerre mondiale, un schisme idéologique sépare les puissances alliées et se creuse lors des conférences de paix de Yalta et de Potsdam en 1945. C’est à cette occasion que les alliés décident du sort de l’Europe et en particulier de celui de l’Allemagne. Il y a deux raisons à cela :

L’émergence du communisme

La révolution russe d’octobre 1917 remplace le tsar de Russie par une « dictature du prolétariat » et instaure un État communiste. Les bolchéviks décident ensuite de retirer la Russie de la Première Guerre mondiale, la guerre civile ayant embrasé le pays, laissant la Grande-Bretagne et la France combattre seules les puissances de l’Axe.

Capitalisme et communisme : des oppositions idéologiques

Les systèmes politiques et économiques des États-Unis capitalistes et de l’URSS communiste sont idéologiquement incompatibles. Les deux parties veulent affirmer leur modèle et forcer les pays du monde entier à se conformer à leurs idéologies.

Propagande

Durant la guerre froide, les Américains et les Soviétiques usent de la propagande pour s’assurer le soutien des populations qu’ils protègent et susciter le rejet (ou la haine) de l’ennemi. Cet outil est encore utilisé à outrance dans le monde d'aujourd'hui et notamment dans les régimes communistes, mais plutôt à des fins promotionnelles pour faire l'apologie du parti. On observe cela en Chine ou à la télévision nationale russe durant le conflit en Ukraine.

Celle-ci peut prendre plusieurs formes :

Médias visuels et audio	Arts et littérature	Discours
télé radio cinéma documentaires publicités chansons nouvelles	peintures affiches brochures pièces art de la performance bandes dessinées journaux magazines	rassemblements évènements politiques concerts évènements sportifs places publiques et mairies
Image 4. Publicité à Hanoï faisant l’apologie du parti communiste2	Image 5. Affiche contre le communisme sur le sol des États-Unis	Image 6. McCarthy en plein discours anti-communiste

Quelle est l’ampleur de la guerre froide ?

Bien que la guerre froide commence comme un conflit entre deux superpuissances, elle se transforme rapidement en une affaire mondiale avec notamment :

• La montée des dictatures populistes dans l’Europe de l’Est.

• Les diverses insurrections en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie.

• La stratégie de containment (politique d’endiguement) des États-Unis.

• L’expansion du conflit au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine où chaque puissance se dispute le contrôle du territoire.

• L’arrivée en Afrique du conflit qui oblige de nombreuses anciennes colonies nouvellement indépendantes à choisir un camp pour bénéficier d’une aide économique.

• Le stationnement de troupes américaines en Asie dans les pays limitrophes de la Chine après la prise de pouvoir en 1949 par les communistes de cette dernière.

Chronologie d'un monde bipolaire

Jetons un coup d’œil rapide à la chronologie des faits et des évènements les plus importants de la guerre froide.

Désaccords sur l’Allemagne

À la conférence de Potsdam en juillet 1945, les États-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne conviennent de la division de l’Allemagne en quatre zones. Chaque zone est administrée par l’une des puissances alliées, dont la France.

Image 7. Carte de la division de l’Allemagne entre les 4 superpuissances

Les puissances occidentales veulent une Allemagne capitaliste en plein essor qui contribue au commerce mondial. Staline, en revanche, veut détruire l’économie allemande et faire en sorte que l’Allemagne ne puisse jamais redevenir aussi puissante et potentiellement nuire au bloc soviétique.

McCarthysme

La peur rouge est une période de ferveur anticommuniste et d’hystérie collective liée à la menace que représentent les communistes aux États-Unis pendant la guerre froide. Certains pensent qu’un coup d’État communiste est imminent, d’autant plus que le parti socialiste américain et le parti communiste sont bien établis à l’époque.

La peur rouge s’intensifie à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Le sénateur Joseph R. McCarthy, enquête sur les allégations « d’éléments subversifs » au sein du gouvernement fédéral, et dénonce les communistes travaillant dans l’industrie cinématographique. C’est de là que vient le terme « maccarthysme » ou « McCarthysme » : la pratique consistant à porter des accusations de subversion et de trahison, en particulier lorsqu’elles sont liées au communisme et au socialisme.

Guerres et conflits par procuration

Voici une liste non exhaustive des guerres et des conflits par procuration qui ont lieu pendant la guerre froide. Chacun de ces évènements sera approfondi dans d’autres explications de ce chapitre.

• Conflit israélo-arabe (1948-présent) et guerre des Six Jours (1967)

• Guerre de Corée (1950-1953)

• Insurrection de Budapest (1956)

• Guerre du Vietnam (1955-1975)

• Crise du canal de Suez (1956)

• Débarquement de la baie des Cochons (1961)

• Crise des missiles de Cuba (1962)

• Invasion de la Tchécoslovaquie (1968)

• Guerre en Afghanistan (1979-1989)

• Blocus de Berlin et mur de Berlin (1948-1989)

Course aux armements et dissuasion nucléaire

En 1949, l’URSS teste sa première bombe atomique. En 1953, les États-Unis et l’URSS testent tous deux des bombes à hydrogène. Les Américains pensent que les Soviétiques ont rattrapé leur retard technologique, ce qui conduit à une course aux armements nucléaires.

Les deux superpuissances essaient d’amasser des armes nucléaires, les deux parties craignant de prendre du retard dans la recherche et la production. Plus de 55 000 ogives nucléaires sont produites pendant la guerre froide. Les États-Unis dépensent environ 5 800 milliards de dollars en armes nucléaires, laboratoires, réacteurs, bombardiers, sous-marins, missiles et silos.

La guerre nucléaire est finalement devenue un moyen de dissuasion plutôt qu’une arme. La théorie de la destruction mutuelle assurée (DMA) signifie qu’une superpuissance n’utilisera jamais ses armes nucléaires, sachant que l’autre partie ferait automatiquement de même. Cette théorie repose sur le fait qu’aucune des deux parties n’est en mesure d’effectuer une « première frappe ».

Course à l’espace

L’exploration spatiale est un autre paradigme de la guerre froide. Les États-Unis et l’Union soviétique se disputent la supériorité des capacités de vol spatial. La course à l’espace est une série d’avancées technologiques qui témoignent de la supériorité des vols spatiaux, chaque nation essayant de surpasser l’autre. Les origines de la course à l’espace remontent à la course aux armements nucléaires entre les deux nations après la Seconde Guerre mondiale, lors de la création des missiles balistiques.

Le 4 octobre 1957, les Soviétiques mettent en orbite Spoutnik, le premier satellite du monde. Le 12 avril 1961, c'est Youri Gagarine qui entre dans l'Histoire en devenant le premier homme à voyager dans l'espace. Enfin, le 20 juillet 1969, les États-Unis réussissent à se poser sur la Lune grâce à la mission spatiale Apollo 11. Neil Armstrong devient le premier homme à marcher sur la Lune.

Les trois phases de la guerre froide

Habituellement, on peut diviser la guerre froide en trois phases distinctes afin de bien discerner les différentes parties qui la composent.

La coexistence pacifique

Formule créée par Khrouchtchev, ce dernier souhaite que les pays possédant différents systèmes sociaux apprennent à vivre ensemble sur la planète et « coexister » pacifiquement. Cette période résulte d’un changement du personnel politique en URSS après la mort de Staline en 1953, l’émergence du tiers-monde, le mouvement des non-alignés, la fin des conflits armés en Corée (1953), en Indochine (1954) et le retrait des troupes soviétiques en Autriche (1955).

La détente : guerre froide en pause

La détente est une période d’apaisement des tensions de la guerre froide, de 1967 à 1979. Cette phase prend une forme décisive lorsque le président américain Richard Nixon rend visite au secrétaire général du parti communiste soviétique, Leonid Brejnev, à Moscou, en 1972.

Au cours de cette période, la coopération avec l’Union soviétique s’intensifie. Les traités historiques sur la limitation des armes stratégiques (SALT) sont signés en 1972 et 1979.

La guerre fraîche

La fin de la guerre froide approche progressivement. L’unité du bloc de l’Est commence à vaciller dans les années 1960 et 1970 lorsque l’alliance entre la Chine et l’Union soviétique s’effondre. Cette guerre « fraîche », parfois appelée « seconde guerre froide » par les revues académiques, décrit la dégradation des rapports Est-Ouest dans la seconde moitié des années 1970 et succède à la détente de la période précédente.

Fin de la guerre froide

Entre perestroïka et glasnost, Gorbatchev transforme le système communiste en un régime plus démocratique pour rompre avec l’ancienne politique totalitaire. Malheureusement, l’URSS ne parvient pas à suivre la cadence effrénée des États-Unis qui dépensent sans compter pour asseoir leur position de leader du monde.

Au fil d’un déclin progressif, les régimes communistes d’Europe de l’Est s’effondrent et des gouvernements démocratiques les remplacent en Allemagne de l’Est, en Pologne, en Hongrie et en Tchécoslovaquie.

Dislocation de l’URSS

La fin de la guerre froide est finalement marquée par la dissolution de l’Union soviétique en quinze nations nouvellement indépendantes en 1991. L’URSS devient la Fédération de Russie et n’a plus de dirigeants communistes.