Sauter à un chapitre clé
La guerre froide fait référence à la période comprise entre 1955 et 1963 durant laquelle de multiples conflits se sont produits dans de nombreux domaines différents. Cette période est riche en évènements comme le montre la tension croissante entre l'Union soviétique et les États-Unis au point d'arriver aux menaces de guerre nucléaire.
- Premièrement, tu découvriras ce qu'est la bipolarisation du monde et les origines de la guerre froide.
- Ensuite, tu observeras les efforts diplomatiques, mais peu fructueux entre les deux blocs et leurs leaders respectifs.
- On abordera ensuite les différentes crises en Europe et interventions dans le tiers-monde de la part des superpuissances.
- Enfin, on décryptera comment la technologie et la science ont servi d'outils pour alimenter la course à l'espace et aux armements.
Bipolarisation du monde et guerre froide
Cette section explique les principaux évènements et développements qui ont caractérisé la bipolarisation du globe avec la guerre froide comme axe principal. Nous examinerons d'abord les domaines dans lesquels les relations se sont améliorées avant de nous intéresser aux crises.
Bipolarisation : utilisé dans les analyses des systèmes de partis, le terme de bipolarisation implique autant une évolution (passage de l'état « non bipolaire » à l'état « bipolaire ») qu'un type de système dans lequel le multipartisme tend à s'organiser autour de deux pôles ou deux coalitions.1
Nikita Khrouchtchev et la coexistence pacifique
Le dirigeant soviétique Joseph Staline meurt en 1953 après avoir dirigé l'Union soviétique pendant environ un quart de siècle. La mort de Staline permet aux nouveaux dirigeants soviétiques d'adopter une approche différente et moins hostile des relations avec l'Occident. Avant l'arrivée de Khrouchtchev au pouvoir, Gueorgui Malenkov a brièvement dirigé l'URSS.
Malenkov prône un « nouveau cours ». Malenkov détourne les ressources du développement des armements pour améliorer le niveau de vie des citoyens soviétiques, car il ne pense pas qu'une guerre avec le capitalisme soit probable. Khrouchtchev, son successeur, développe son « nouveau cours » en une politique connue sous le nom de coexistence pacifique, car lui-même pense que c'est la meilleure politique à mener à cette époque.
La coexistence pacifique est une politique de tolérance entre des États ayant des croyances ou des idéologies différentes.
Diplomatie entre le bloc de l'Ouest et le bloc soviétique
Une nouvelle ère de diplomatie s'ouvre entre les deux superpuissances, caractérisée par des sommets et des traités. Voici les points diplomatiques essentiels de cette période.
En politique, un sommet se caractérise par la rencontre en tête-à-tête entre dirigeants. Peut-être que le Sommet du G7 ou du G20 te disent quelque chose ?
Le traité d'État autrichien : le traité de 1955 permet de réunifier le pays autrefois divisé en 4 zones.
Le sommet de Genève : aucun accord n'est conclu, mais l'atmosphère est si pacifique et diplomatique que l'on appellera ça « l'esprit de Genève ».
Khrouchtchev rejette la proposition de « ciel ouvert » de Kennedy qui aurait permis à chaque bloc de surveiller les développements militaires de l'autre depuis les airs.
Le sommet de Camp David : en septembre 1959, Khrouchtchev rencontre Eisenhower aux États-Unis pour apaiser les tensions liées à la crise de Berlin.
Le sommet de Paris : un avion espion américain U-2 est abattu au-dessus de l'Union soviétique, violant ainsi le rejet de Khrouchtchev de la proposition de ciel ouvert. Ce dernier exige des excuses de la part d'Eisenhower et part du sommet quand son opposant les lui refuse : c'est un échec.
Crises en Europe
Outre la crise de l'U-2 au sommet de Paris, plusieurs évènements intensifient les tensions en Europe.
La crise polonaise
En plus de changer de cap en politique étrangère, Khrouchtchev introduit la déstalinisation, une réforme politique condamnant les crimes de Staline et mettant fin à son image de leader infaillible. Un effet involontaire de la déstalinisation est un appel à la libéralisation en Europe de l'Est.
La déstalinisation est formulée pour la première fois dans le discours secret de Khrouchtchev en 1956. Il y dénonce Staline et son culte de la personnalité et condamne ses purges et ses déportations de groupes nationaux. Le discours n'a jamais été rendu public, mais ses répercussions ont fait leur chemin dans le bloc soviétique sous la forme de nouvelles réformes libérales dans une période surnommée le « dégel ».
Le régime en Pologne a assoupli certaines de ses politiques après la mort de Staline. Face à un besoin accru de droits sociaux, les ouvriers industriels de Poznań se mettent en grève en juin 1956 et cela entraîne des émeutes qui résultent en 60 décès et 200 blessés par les militaires polonais. En réponse à cet évènement, Khrouchtchev se rend en Pologne pour s'assurer de la loyauté du pays, chose que le libéral Władysław Gomulk garantit avec la promesse de réformes seulement internes et que la Pologne n'abandonnera pas le communisme.
L'insurrection de Budapest de 1956
Des combats éclatent aussi en Hongrie en octobre 1956 pour libéraliser la nation. Le libéral Imre Nagy est nommé premier ministre. Nagy abolit la règle du parti unique et annonce la neutralité hongroise.
Le 4 novembre, l'Union soviétique envahit la Hongrie et écrase la révolution, faisant des milliers de morts et provoquant la fuite d'environ 250 000 Hongrois. Nagy est remplacé par János Kádár, un homme d'État un tantinet plus conservateur.
La crise hongroise illustre une fois de plus la détermination de l'Union soviétique à maintenir son influence malgré la libéralisation du pays. En réponse à la crise, l'Occident ne fait guère plus que des déclarations de condamnation. Le président Eisenhower avait évoqué d'éventuelles interventions pour libérer les peuples sous le joug du communisme, mais lorsque l'occasion se présente, il ne bouge pas du Bureau Ovale.
La crise de Berlin
Depuis la division de l'Allemagne et de Berlin après la Seconde Guerre mondiale, de plus en plus de tensions se manifestent et les différences entre les régimes capitaliste et communiste allemands ne peuvent plus être ignorées.
L'Allemagne de l'Ouest connaît une croissance économique substantielle sous le couvert capitaliste et bénéficie de l'aide américaine par le biais du plan Marshall. En revanche, c'est une tout autre histoire pour l'Allemagne de l'Est qui fait face à bien des difficultés et parvient à peine à passer pour un État indépendant.
Berlin-Ouest représente une zone capitaliste prospère au cœur du communisme et de plus en plus de personnes commencent à se déplacer de l'Est vers Berlin-Ouest. Pour mettre fin à cette situation, Khrouchtchev exige que les États-Unis quittent la ville en 1958. Les États-Unis sont déterminés à ne pas abandonner Berlin pour continuer à montrer le bloc de l'Ouest sous son meilleur jour : la ville est l'incarnation vivante des différences entre le communisme et le capitalisme.
Incapable de parvenir à un accord et soucieux de ne pas déclencher une guerre nucléaire, Khrouchtchev approuve la construction du mur de Berlin en août 1961. Le mur doit empêcher la circulation des personnes de l'Est vers l'Ouest de Berlin et atténuer les tensions. Il devient l'une des représentations les plus emblématiques de la guerre froide en symbolisant le désespoir de l'Union soviétique à maintenir sa sphère d'influence. Malgré des condamnations, l'Occident ne prend une nouvelle fois aucune mesure.
Bipolarisation et interventions dans le tiers-monde
Outre les régions d'Europe qui sont des zones de tension depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la période de la guerre froide en voit apparaître de nouvelles : l'aube des guerres par procuration.2
Guerre par procuration (Politique, Militaire) : guerre menée par un État qui, ne prenant pas directement part aux opérations militaires, agit par l’intermédiaire d’un autre acteur, étatique ou non étatique, engagé sur le terrain.
Le terme « tiers-monde » est aujourd'hui considéré comme une expression désuète que les gens utilisent souvent pour décrire ce que nous appellerions aujourd'hui « pays en développement » ou « pays à revenu faible ou intermédiaire ». En 1952, c'est le démographe français Alfred Sauvy qui invente ce terme dans son article « Trois mondes, une planète ».3 Il y affirme que le premier monde est constitué des États-Unis et de leurs alliés capitalistes. Le second monde est l'Union soviétique et ses satellites d'Europe de l'Est. Le tiers-monde est constitué de tous les pays qui ne s'alignent pas activement sur les superpuissances des États-Unis ou de l'Union soviétique.
La crise du canal de Suez
En 1956, le président égyptien Gamal Abdel Nasser nationalise le canal de Suez après le retrait des États-Unis et de la Grande-Bretagne du financement d'un projet majeur : la construction du barrage d'Assouan. L'Égypte semble de plus en plus favorable au communisme, puisqu'elle conclut un contrat d'armement avec la Tchécoslovaquie communiste et reconnaît le gouvernement chinois communiste.
Le canal de Suez est une route commerciale vitale qui, à cette époque, est contrôlée par les Français et les Britanniques. La Grande-Bretagne, la France et Israël lancent une action militaire contre l'Égypte en réponse à sa nationalisation. L'Union soviétique et les États-Unis s'y opposent, mais réagissent différemment.
Khrouchtchev menace d'utiliser des armes nucléaires sur l'Europe occidentale tandis que Eisenhower le met en garde contre une action directe et menace les trois nations de sanctions économiques. Les menaces fonctionnent et la crise prend fin en 1957. Malgré une réputation d'Eisenhower de plus en plus notable au Moyen-Orient, le soutien de Khrouchtchev à l'Égypte accroît l'influence soviétique dans la région. C'est l'URSS qui finit par financer le barrage d'Assouan.
Indochine
L'Indochine désigne les trois pays du Viêtnam, du Cambodge et du Laos contrôlés par la France. La guerre d'Indochine (1946 à 1954) se solde par la défaite française, la division du Viêtnam et l'indépendance du Cambodge et du Laos.
Le Viêtnam est divisé entre le Nord, contrôlé par les communistes et dirigé par Hô Chi Minh, et le Sud, capitaliste et dirigé par Ngo Dinh Diem. Les États-Unis soutiennent le régime de Diem afin de développer une alternative viable au communisme. Une aide est accordée à Diem pour introduire des réformes sociales et développer l'économie.
Cependant, Diem utilise plutôt cette aide pour renforcer son pouvoir et ne parvient pas à gagner le soutien de la population. La guérilla communiste commence en 1957 au Sud-Viêtnam et les forces du Nord-Viêtnam envahissent le Sud via la piste Hô Chi Minh qui traverse le Cambodge et le Laos. Lorsqu'il devient évident que Diem nuit à la cause sud-vietnamienne, les États-Unis soutiennent un coup d'État militaire visant à le renverser.
Face à la menace grandissante du communisme, Kennedy décide d'aider le Laos par le biais d'un accord de neutralité avec Khrouchtchev. Malheureusement, le conflit reprend rapidement et le Laos continue à servir de voie d'approvisionnement pour les communistes vietnamiens. L'intervention américaine ne fait qu'augmenter et atteindra son apogée avec la guerre du Vietnam.
Cuba
Les relations entre les États-Unis et Cuba se détériorent après l'arrivée au pouvoir du communiste Fidel Castro en 1959 qui entame une relation de confiance avec l'Union soviétique.
Le président Kennedy soutient l'invasion désastreuse appelée débarquement de la baie des Cochons en 1961 en envoyant des exilés cubains entraînés par la CIA pour renverser Castro. Elle échoue et ne fait qu'empirer les relations américano-cubaines.
En octobre 1962, les États-Unis découvrent que l'Union soviétique possède des missiles nucléaires à Cuba. La proximité du site en fait une menace potentiellement énorme pour les États-Unis. Le président Kennedy bloque l'accès à l'île et menace d'utiliser des armes nucléaires si les missiles ne sont pas retirés. Pendant 13 jours, le monde est au bord de la guerre nucléaire : c'est la crise des missiles de Cuba.
L'Union soviétique accepte de retirer les missiles. Conséquence de cette crise, les puissances établissent une liaison directe entre Washington et Moscou : le fameux téléphone rouge. Elles signent aussi en 1963 le Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, qui interdit tout essai nucléaire, à l'exception des essais souterrains.
La science et la technologie dans la guerre froide
La science et la technologie jouent un rôle essentiel dans la guerre froide, en particulier dans la course aux armements et à l'espace. Comme le monopole américain sur les armes nucléaires prend fin en 1949 lorsque l'URSS met au point sa propre bombe atomique, les deux puissances se lancent dans une course aux armements. On abordera ce sujet plus en profondeur dans une autre explication, mais voici de quoi rassasier votre appétit en attendant :
Course aux armements ou « guerre des Étoiles » : compétition pour la suprématie en guerre nucléaire entre les États-Unis, l'Union soviétique et leurs alliés respectifs pendant la guerre froide. Durant cette période, en plus des stocks des États-Unis et de l'Union soviétique, d'autres pays développent également des armes nucléaires, bien qu'aucun ne se soit engagé dans la production d'ogives à la même échelle que les deux superpuissances.4
Course à l'espace : compétition à laquelle se sont livrés les États-Unis et l'Union soviétique, dans le domaine astronautique entre 1957 et 1975. Cette lutte pacifique concerne d'abord l'envoi des premiers satellites artificiels, puis les premiers vols humains dans l'espace, l'envoi de sondes spatiales pour explorer les planètes les plus proches et culmine avec l'envoi d'astronautes sur la Lune.5
Bipolarisation - Points clés
- La bipolarisation du monde en blocs de l'Ouest et de l'Est s'est faite après la Seconde Guerre mondiale et résulte du besoin des deux « vainqueurs » d'imposer son modèle et son idéologie à l'autre côté.
- À la mort de Staline, les relations se sont réchauffées dans le sens où les États-Unis et l'URSS sont entrés dans une période de diplomatie où Khrouchtchev a préféré la coexistence pacifique. Malgré de multiples tentatives, peu d'accords sont conclus.
- La déstalinisation et le phénomène de libéralisation finissent par se retourner contre Khrouchtchev en entraînant des soulèvements en Pologne et en Hongrie.
- De nouvelles zones de confrontation se développent avec l'engagement des États-Unis au Viêtnam et au Laos, où ils cherchent à tout prix à empêcher la propagation du communisme.
- La crise des missiles de Cuba démontre le niveau de tension entre les États-Unis et l'URSS et menace le monde d'une guerre nucléaire.
- La bipolarisation du monde prendra fin en 1991 après dissolution de l'URSS.
Références
- https://www.cnrtl.fr/definition/bipolarisation
- https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/guerre-par-procuration#0
- https://www.jstor.org/stable/3768593
- https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Course-aux-armements-nucleaires.html
- https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Course-a-l-espace.html
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Questions fréquemment posées en Bipolarisation
Qu’est-ce que la bipolarisation ?
La bipolarisation est une situation dans laquelle la vie politique est dominée par deux coalitions de partis, plus ou moins homogènes. La guerre froide est un exemple parfait de la bipolarisation du monde en deux blocs idéologiques distincts : le bloc de l'Ouest capitaliste et le bloc de l'Est communiste.
Quand commence la bipolarisation ?
La lutte idéologique et l’affrontement entre le bloc de l’Ouest et le bloc de l’Est commencent dès 1947 alors que le monde se remet tout juste de la Seconde Guerre mondiale et que les deux superpuissances et « vainqueurs » cherchent à imposer leur modèle au reste du monde. Malgré des tentatives de rapprochement diplomatique entre les deux blocs, les différences restent trop importantes.
Quelles sont les conséquences de la bipolarisation ?
Cette bipolarisation du monde va se traduire par la guerre froide de 1955 à 1963 avec de multiples conflits et autres guerres de procuration. Chaque nation cherche à imposer son modèle. Le meilleur exemple de cette césure est sûrement la division de Berlin en deux zones respectives à chaque bloc.
Quelles sont les causes de la bipolarisation du monde ?
Entre la reconstruction post-guerre mondiale, les États nouvellement décolonisés, l’instabilité sociale, la libéralisation des systèmes politiques, les conflits frontaliers et l’écroulement de l’économie mondiale, une place de « leader » du monde s’ouvre et l’URSS et les États-Unis s’affrontent au coude à coude pour cette position.
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