Sauter à un chapitre clé
Cette course est entre autres marquée par des dépenses militaires et une artillerie conséquente, une « guerre des étoiles » avec le projet IDS de Reagan contre les ICBMs et la fameuse course à l'espace. Heureusement, la catastrophe est évitée lors de la crise des missiles de Cuba et les deux camps sortent du processus de dissuasion nucléaire pour entamer des négociations avec les accords SALT.
- D'abord, on va poser les bases avec le contexte de guerre froide et des armes nucléaires qui orchestrent la danse.
- Ensuite, on abordera une chronologie de la course aux armements avec notamment le projet IDS et la guerre des étoiles.
- Enfin, on décryptera le principe de destruction mutuelle assurée et de dissuasion nucléaire avec un aperçu de l'artillerie et des dépenses militaires de chaque camp, ainsi que les accords SALT.
Guerre froide et armes nucléaires
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les anciens alliés américains et soviétiques s'affrontent dans la guerre froide. Une artillerie d'un nouveau genre pointe le bout de son ogive : les armes nucléaires. La guerre froide vient.
La bombe nucléaire
Contrairement à ce que l'on pense, c'est la bombe nucléaire qui met vraiment fin à la Seconde Guerre mondiale, et non pas la capitulation allemande lorsque les forces soviétiques entrent dans Berlin. Face au refus japonais de capituler, les États-Unis lâchent deux bombes nucléaires en août 1945 sur les villes de Hiroshima (6 août) et de Nagasaki (9 août). Elles tuent 70 000 êtres humains en une fraction de seconde et près de 200 000 au total. Cela entraîne la reddition du Japon et la fin officielle de la guerre le 2 septembre 1945. Les dégâts sont dévastateurs et d'une violence encore jamais vue : celui qui possède cette technologie a l'atout ultime sur tous les autres pays.
Pour rester une superpuissance, Moscou doit réagir. Le leader soviétique Joseph Staline est furieux, car le président américain Truman a fait cela dans son dos sans le concerter.
Le rideau de fer
Le rideau de fer métaphorique de Churchill caractérise habilement la division du territoire européen entre les anciens Alliés. Malgré une alliance fructueuse entre l'Union soviétique et les États-Unis pendant la guerre, il devient évident lors de leurs sommets avec le Premier ministre britannique Winston Churchill à Téhéran (1943), Yalta (1945) et Potsdam (1945) que leur vision de l'Europe d'après-guerre n'est plus la même. L'Union soviétique refuse de se retirer à l'est, ce qui signifie qu'elle possède désormais une grande partie du territoire européen. Cette situation inquiète les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Avec la présence soviétique accrue en Europe, les États-Unis se doivent de maintenir leur suprématie nucléaire. Lorsque l'Union soviétique crée sa première arme nucléaire en 1949, sa vitesse de production surprend les États-Unis et déclenche la course aux armements nucléaires jusqu'aux années 1990.
Chronologie de la course aux armements
Voici une chronologie de la course aux armements, un élément central de la guerre froide. Attache ta ceinture : ça va secouer !
Année | Évènement |
1945 | La première arme nucléaire au monde inaugure une nouvelle ère pour l'artillerie militaire. Le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis et la capitulation immédiate du Japon entraînent une dévastation jusqu'alors inimaginable. |
1949 | L'Union soviétique répond par son premier essai d'arme nucléaire, le RDS-1, au Kazakhstan. La technologie est très similaire à la bombe Fat Man que les États-Unis utilisent sur Nagasaki, ce qui laisse supposer un espionnage soviétique et accroît la méfiance entre les pays. |
1952 | Les États-Unis créent une bombe H (bombe à hydrogène) 100 fois plus puissante que la bombe à l'uranium ou au plutonium. Appelée arme « thermonucléaire », elle est testée sur les îles Marshall, dans l'océan Pacifique. La Grande-Bretagne lance également sa première arme nucléaire. |
1954 | L'essai de Castle Bravo, une autre arme nucléaire des États-Unis, provoque des retombées nucléaires avec des particules radioactives qui causent des dommages aux populations locales et aux militaires présents, dans les îles Marshall. |
1955 | La première bombe H soviétique (RDS-37) explose à Semipalatinsk. Des retombées nucléaires se produisent également dans les régions environnantes du Kazakhstan. |
1957 | C'est une année décisive pour l'URSS ! Les Soviétiques sont les premiers à développer un missile balistique intercontinental (ICBM) qui peut parcourir jusqu'à 5 000 km et initient la course à l'espace avec leur satellite Spoutnik I. |
1958 | Les États-Unis créent la National Aeronautics and Space Administration (NASA) pour faire face au programme spatial soviétique et lutter contre le « Missile gap » et la technologie soviétique supérieure. Au cours de cette année, 100 essais nucléaires sont effectués par les trois puissances nucléaires. |
1959 | Les États-Unis testent avec succès leur propre ICBM. |
1960 | La France devient une puissance nucléaire avec son premier essai. |
Retombées nucléaires : matière radioactive dangereuse qui subsiste après une explosion nucléaire. Elle provoque des malformations et augmente considérablement la probabilité de cancer après exposition.
Missile gap : croyance selon laquelle l'Union soviétique développe des ICBM en masse et bien supérieurs à ceux des Américains
La guerre des Étoiles et le projet IDS
Quand on te parle de la guerre des étoiles et du projet IDS, tu dois normalement penser à Star Wars et des plans top-secret. Techniquement, nous n'en sommes pas très loin, car le 23 mars 1983, Ronald Reagan annonce un programme révolutionnaire. Celui-ci se nomme Initiative de défense stratégique (IDS) et est surnommé « guerre des Étoiles ». Il a pour objectif de protéger le territoire américain des armes nucléaires en déployant une sorte de « bouclier spatial » qui pourrait détruire à distance les fameux ICBM s'ils approchent trop près.
Course à l'espace
La course à l'espace est une autre bataille technologique résultant de la course aux armements. Après le lancement de Spoutnik I en 1957, les superpuissances se tournent vers les étoiles. Avec la technologie soviétique des ICBM en forme de fusée, les États-Unis craignent d'être pris pour cible depuis le ciel. L'Union soviétique poursuit sa lancée en envoyant le premier homme dans l'espace en 1961 (Youri Gagarine). Les États-Unis volent la vedette en envoyant un homme sur la lune en 1969 (Neil Armstrong).
Après l'apaisement des tensions, la mission conjointe Apollo-Soyouz marque la fin de la course à l'espace en 1975.
Destruction mutuelle assurée
La destruction mutuelle assurée, malgré un titre apocalyptique, s'avère être salvatrice pour les camps soviétiques et américains. Après l'échec du débarquement de la baie des Cochons (1961), Cuba reste un sujet de préoccupation pour le président Kennedy. La Central Intelligence Agency (CIA) repère la construction d'un site de missiles nucléaires soviétiques sur l'île en 1962. Kennedy réagit alors en imposant un blocus naval autour de l'île pour couper les approvisionnements et l'isoler.
Destruction mutuelle assurée (DMA) : concept selon lequel les États-Unis et l'Union soviétique disposent tous deux d'un éventail d'armes nucléaires suffisamment puissant et diversifié pour que, si l'un attaque l'autre, la destruction mutuelle soit assurée
La DMA prend soudain tout son sens. La crise est finalement résolue le 28 octobre :
Les États-Unis acceptent de retirer leurs missiles de Turquie et de ne pas envahir Cuba.
Les Soviétiques retirent leurs missiles à Cuba.
Pour prévenir d'autres catastrophes, une ligne directe de communication (le téléphone rouge) est établie entre les deux pays.
Artillerie et dépenses militaires conséquentes
Outre les sommes colossales dépensées pour l'artillerie et les diverses dépenses militaires, ces chiffres représentent les stocks totaux d'ogives nucléaires de 1945–2014 (dont celles non activement déployées comme celles en réserve ou dont le démantèlement est prévu).
- Pour les États-Unis, le pic est atteint en 1967 avec 32 040 ogives.
- Pour l'URSS, c'est en 1986 avec 40 000 ogives.
On constate une diminution du côté américain à partir de la signature du premier accord SALT I en 1972, mais l'URSS prend l'ascendant de la course aux armements en 1978.
Il faut savoir que les États-Unis consacrent près de 8 % du PIB national dans leur budget militaire alors que l'URSS est obligée d'investir jusqu'à 15–20 % pour tenir la cadence. C'est d'ailleurs ce qui va indirectement les forcer à reconsidérer le désarmement nucléaire comme une solution viable pour ralentir l'inévitable dislocation de l'URSS en 1991.
Dissuasion nucléaire et accords SALT
Grâce à la dissuasion nucléaire et aux accords SALT, la seconde moitié de la course aux armements se caractérise par des négociations. La période pendant laquelle les deux superpuissances négocient est connue sous le nom de « détente ». Examinons quelques-unes de ces étapes importantes et leurs résultats.
Année | Évènement |
1963 | Le traité d'interdiction limitée des essais nucléaires est signé par les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni, mais certaines nations, comme la Chine, refusent de le signer et les essais continuent sous terre. |
1968 | Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires constitue une promesse de désarmement nucléaire à terme entre les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni. |
1972 | Le premier traité de limitation des armes stratégiques (SALT I) est signé par les deux superpuissances après la visite du président Nixon à Moscou. Il fixe des limites aux sites de missiles antibalistiques (ABM) afin que chaque pays conserve sa force de dissuasion nucléaire. |
1979 | Après de longues délibérations, le SALT II est signé. Il gèle le nombre d'armes et limite les nouveaux essais. Sa signature prend du temps en raison des différents types d'ogives nucléaires que chaque pays possède. Il n'est jamais mis en vigueur aux États-Unis après l'invasion soviétique de l'Afghanistan la même année. |
1986 | Le sommet de Reykjavik, un accord visant à détruire les arsenaux nucléaires en dix ans échoue. |
1991 | Le traité de réduction des armes stratégiques (START I) entre Gorbatchev et W. H. Bush coïncide avec l'effondrement de l'Union soviétique plus tard dans l'année et met fin à la course aux armements. |
1993 | START II, signé par le président américain George H. W. Bush et le président russe Boris Eltsine, limite chaque pays à 3 000–3 500 armes nucléaires. |
Malgré un apaisement des tensions, des technologies nucléaires plus avancées telles que les missiles guidés et les bombardiers sous-marins continuent d’être développées à grande échelle.
Course aux armements - Points clés
- Les différences idéologiques, la crainte de l'expansion de l'Union soviétique en Europe et l'utilisation de la bombe nucléaire par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale donnent lieu à une course aux armements nucléaires entre eux et l'Union soviétique.
- Dans les années 1950, les deux pays développent des bombes à hydrogène et des ICBM capables d'une destruction bien plus importante que la bombe nucléaire.
- La course à l'espace, liée à la course aux armements et utilisant la même technologie que les ICBM, commence lorsque l'Union soviétique lance son premier satellite, Spoutnik I, en 1957.
- La crise des missiles de Cuba en 1962 est le point culminant de la course aux armements et de la guerre froide lorsque les deux pays prennent conscience de la réalité de la destruction mutuelle assurée.
- S'ensuit une période de négociations et de traités visant à réduire la capacité nucléaire de chaque pays. La course aux armements prend fin avec la dissolution de l'Union soviétique, mais le dernier de ces traités (START II) est signé en 1993.
Références
- Image 4. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RIAN_archive_330109_Soviet_President_Mikhail_Gorbachev_and_U.S._President_George_Bush.jpg Par Yuryi Abramochkin Autorisé par CC-BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr)
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Questions fréquemment posées en Course aux armements
Quelles sont les conséquences de la course aux armements ?
La course aux armements impacte négativement l'économie des deux superpuissances qui pourrait être utilisée à des fins plus adéquates que la construction en masse d'ogives nucléaires qui ne sert qu'à dissuader.
Quels sont les enjeux de la course à l'armement ?
Les enjeux de la course à l'armement sont de prendre l'ascendant économique et militaire sur l'adversaire pour montrer sa suprématie et le dissuader d'entreprendre quoi que ce soit de nuisible.
Pourquoi peut-on parler d'une course à l'armement durant la guerre froide ?
On peut parler d'une course à l'armement durant la guerre froide, car durant presque 60 ans, les deux blocs ont cherché à tout prix à montrer leur supériorité en créant toujours plus d'armes nucléaires et d'artillerie.
Comment appelle-t-on la rivalité entre les États-Unis et l'URSS pour se doter d'armements toujours plus nombreux et puissants ?
La rivalité entre les États-Unis et l'URSS pour se doter d'armements toujours plus nombreux et puissants s'appelle la course aux armements de la guerre froide.
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