Guerre fraîche

Dansles années 1980, la détente entre les États-Unis et l’URSS prend fin et l’hostilité reprend de plus belle. Qu’est-ce qui provoque ce revirement ? Pourquoi la paix qui règne durant la détente ne peut-elle pas durer ? Voici l’histoire de la guerre fraîche : un conflit qui décrit une dégradation des rapports Est-Ouest, en rupture avec la détente des années 1970.

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Sauter à un chapitre clé

    Entre la guerre du Vietnam, les guerres par procuration entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest, les discours incisifs de Reagan, l’Armée rouge en Afghanistan jusqu’à la signature du traité FNI avec Mikhaïl Gorbatchev, la détente est rompue et ainsi commence la guerre fraîche.

    • Tout d’abord, on abordera le contexte de la guerre fraîche pour les deux blocs avec la situation du bloc de l'Est et du bloc de l'Ouest ou encore de la guerre du Vietnam.
    • Ensuite, on analysera les causes qui ont engendré la rupture de la détente et on s’intéressera à l’invasion soviétique en Afghanistan par l'armée rouge.
    • On décryptera les politiques étrangères de Reagan qui étouffent davantage une URSS déjà en manque d’air.
    • Enfin, on passera en revue les concessions faites par Mikhaïl Gorbatchev dans l’optique de faire sortir son pays de sa mauvaise passe.

    Guerre fraîche : la fin de la détente

    La guerre fraîche remonte aux années 1970 lorsque les États-Unis et l’URSS sont tous deux occupés par leurs affaires intérieures et leurs problèmes domestiques.

    Bloc de l’Est

    Histoire de remettre les choses dans son contexte, rappelons que le bloc de l’Est est dirigé par l’Union soviétique, officiellement l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). L’URSS est un État socialiste qui s’étend sur l’Europe et l’Asie pendant son existence, de 1922 à 1991 avec toutes sortes d’États satellites. Elle est le deuxième État le plus puissant après les États-Unis et son objectif est de diffuser le communisme dans le monde entier.

    Bloc de l’Ouest

    Les États-Unis d’Amérique sont à la tête du bloc de l’Ouest. Ils incarnent le capitalisme, avec l’économie la plus forte du monde pendant la guerre froide et jusqu’à aujourd’hui. Ils sont également connus comme les leaders du « monde libre », un terme de propagande utilisé pour désigner le bloc occidental, car ils représentent collectivement la plus grande démocratie du monde.

    Conflits domestiques et guerre du Vietnam

    Entre 1964 et 1982, c’est Leonid Brejnev qui est à la tête du parti communiste et qui incarne le mieux la détente de cette période. Ce dernier s’efforce de relancer une économie stagnante et d’améliorer le niveau de vie des citoyens soviétiques.

    Aux États-Unis, la Maison-Blanche est aux prises avec le contrecoup de la guerre du Vietnam, de chocs pétroliers majeurs et le scandale du Watergate, qui conduit à la démission du président Richard Nixon, remplacé par son vice-président Gerald Ford. C’est le président Jimmy Carter qui prend la relève en 1977 et qui souhaite maintenir cette détente grâce à une politique étrangère moins agressive et davantage tournée sur l’essor économique du pays. Cependant, le non-respect des accords SALT et l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge engendrent le boycott des Jeux olympiques de Moscou et posent les jalons pour l’arrivée de Reagan et sa politique anticommuniste.

    Les États-Unis et l’URSS continuent de se méfier l’un de l’autre. Malgré les accords d’Helsinki, ils continuent tous deux à jouer un rôle dans la politique et la gouvernance des nations étrangères pour promouvoir leurs propres intérêts.

    Les causes de la guerre fraîche

    Les causes de la guerre fraîche résultent de déclencheurs tels que l’invasion soviétique de l’Afghanistan, la politique étrangère conflictuelle de Ronald Reagan et les changements de dirigeants.

    Invasion soviétique de l’Afghanistan

    L’évènement qui met fin à la détente (période intermédiaire de la guerre froide) et conduit à cette période de tensions croissantes est l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979. Comme le dit le président démocrate Jimmy Carter :

    Les conséquences de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques risquent de mettre en péril la paix qui règne depuis la Seconde Guerre mondiale.

    - Le président Jimmy Carter aux membres du Congrès,19801

    Malgré ses remarques incisives, Carter est sévèrement critiqué par les républicains. La politique étrangère de Carter repose sur la réduction des dépenses militaires et la diminution du nombre d’armes militaires. Les républicains encouragent Carter à répondre à l’invasion et voient sa politique étrangère d’un mauvais œil.

    Guerre fraîche Président Jimmy Carter StudySmarterImage 1. Président Jimmy Carter

    Après l’invasion soviétique de l’Afghanistan, Carter fait volte-face. Il décide de serrer les vis avec l’URSS en établissant les politiques suivantes :

    • Implantation d’embargos sévères (interdiction de commercer) sur les céréales et autres biens de consommation en provenance de l’URSS.

    • Soutien d’un boycott américain des Jeux olympiques qui devaient se tenir à Moscou.

    • Engagement à augmenter de 5 % les dépenses militaires.

    • Déclaration de la volonté de défendre les intérêts américains dans la région par une action militaire si nécessaire.

    • Retrait de l’ambassadeur américain à Moscou.

    • Approbation de l’aide militaire aux rebelles afghans.

    • Publication du PD-59, une stratégie de défense militaire classifiée et agressive, conçue pour donner aux présidents américains une plus grande flexibilité pour mener une guerre nucléaire.

    Ces mesures contre l’URSS sont plus tard désignées sous le nom de « doctrine Carter » et représentent un écart important par rapport à son programme politique initial axé sur la coexistence pacifique et la détente.

    Armée rouge et première guerre d’Afghanistan

    Du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, l’Armée rouge de l’URSS s’oppose pendant près de 9 ans aux moudjahidines (guerriers saints) d’Afghanistan. Ce conflit peut être divisé en 4 phases :

    • l’invasion du 25 décembre 1979 ;

    • l’insurrection nationale et les opérations de ratissage de 1980 à 1983 ;

    • l’adaptation de l’armée soviétique à la contre-guérilla de 1984 à 1985 ;

    • le retrait de l’Armée rouge de 1986 à 1989.

    Opération de ratissage: opération qui tend, grâce à la fouille systématique d'une zone de terrain, à découvrir, arrêter ou neutraliser une ou des personnes qui peuvent s'y cacher

    Essentiellement, ce conflit ressemble à tous les autres de la même époque et implique l’expansion du modèle communiste dans une région où celui démocratique est en voie de construction. Ici, tout commence avec l’arrivée au pouvoir du Parti démocratique populaire d’Afghanistan (PDPA) en 1978, soutenu par l’URSS. S’y oppose une guérilla d’inspiration musulmane qui veut retrouver son indépendance et qui fait écho à la vague islamique au pouvoir en Iran.

    C’est une déconfiture militaire pour l’URSS qui voit son armée ravagée par les guérillas moudjahidines similairement à l’armée américaine durant la guerre du Vietnam : les locaux connaissent le terrain.

    En 10 ans, outre le coût humain de presque 10 000 soldats soviétiques et 1,5 million de morts côté afghan, ce conflit épuise économiquement et moralement l’Union soviétique et rajoute une nouvelle pierre à l’édifice de son propre tombeau.

    Guerre fraîche Moudjahidines durant l'invasion soviétique StudySmarterImage 2. Moudjahidines durant l’invasion soviétique en Afghanistan

    Ronald Reagan et la guerre fraîche

    En 1980, Ronald Reagan remplace Jimmy Carter à la présidence des États-Unis. Celui-ci n’hésite pas à prendre position contre le communisme et qualifie fréquemment l’URSS « d’empire du mal ».

    Politique de refoulement

    Le début de la politique du président Reagan vise non seulement à contenir le communisme, mais aussi à l’éradiquer. Sa politique de refoulement ou rollback est un symbole fort de sa volonté de mobiliser des ressources militaires et économiques pour arrêter l’expansion du communisme dans le monde.

    Politique de refoulement

    La politique de Reagan visant à « refouler » activement le communisme dans différentes parties du monde a conduit à l’ingérence directe de l’Amérique dans la politique de divers pays. Cela marque un changement important par rapport à la politique de containment (endiguement), qui consiste à endiguer l’expansion du communisme.

    Cette politique conduit les États-Unis à soutenir secrètement les rebelles anticommunistes dans le monde entier. Par exemple, Reagan soutient les Contras dans leur attaque contre le gouvernement socialiste du Nicaragua, les rebelles afghans dans leur lutte contre l’URSS et les forces anticommunistes angolaises qui combattent dans la sanglante guerre civile du pays. Reagan apporte aussi son soutien à la dictature de Marcos aux Philippines et au gouvernement d’apartheid sud-africain.

    Voici comment le président Reagan considère la guerre fraîche :

    […] Des différences fondamentales sur des questions morales importantes concernant la valeur de l’individu et la question de savoir si les gouvernements doivent contrôler les individus ou les individus contrôler les gouvernements.

    - Président Ronald Reagan, Discours aux Nations Unies, New York,19882

    Le gouvernement de Reagan élabore aussi une nouvelle politique à l’égard de l’URSS en mettant en œuvre la NSDD-32 (National Security Decisions Directive), qui tend à affronter l’URSS sur trois fronts :

    1. Entraver l’accès des Soviétiques aux technologies avancées et diminuer leurs ressources, notamment en exerçant une pression à la baisse sur la valeur des exportations soviétiques sur les marchés internationaux.

    2. Augmenter les dépenses militaires américaines, ce qui fortifie la position de négociation des États-Unis.

    3. Obliger l’URSS à consacrer une plus grande part de son budget national à la défense.

    Les politiques de Reagan relancent les hostilités et la course aux armements. Avec la doctrine agressive de Reagan, les États-Unis pensent pouvoir inverser l’expansionnisme soviétique et finalement mettre fin à la guerre froide, non pas par l’apaisement des tensions, mais par l’intimidation pure et dure.

    Changements de dirigeants et déclin de Brejnev

    Reagan trouve un allié proche en Margaret Thatcher, la Première ministre britannique nouvellement élue. Les deux dirigeants sont farouchement anticommunistes et s’engagent tous deux à mettre un terme à son expansion.

    À cette époque, c’est Leonid Brejnev qui mène la danse communiste et sa santé fragile l’empêche de prendre part aux décisions de politique étrangère. La force des nouvelles alliances dans le bloc de l’Ouest et la faiblesse de Brejnev contribuent au déclenchement de la guerre fraîche.

    Mikhaïl Gorbatchev et la nouvelle détente

    Mikhaïl Gorbatchev incarne la nouvelle détente et il cheche à soulager l'URSS de la pression économique.

    Guerre fraîche Reagan et Gorbatchev StudySmarterImage 3. Reagan et Gorbatchev

    Lorsque le dirigeant soviétique Gorbatchev accède au pouvoir en 1985, il s’engage à atténuer les conséquences économiques, diplomatiques et militaires de la guerre froide et se conforme donc à la plupart des politiques de Reagan pour le bien commun. D’apparence équitable, la signature du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) est un exemple criant de la domination d’un bloc sur l’autre et marque une victoire de l’Ouest sur l’Est.

    L’URSS souffre d’un taux de croissance économique proche de 0 %, lié à une forte baisse des recettes d’exportation due à la chute des prix du pétrole dans les années 1980, période durant laquelle ces exportations représentent environ 60 % des recettes d’exportation totales de l’URSS. Ainsi, pour rapidement inverser la tendance, Gorbatchev réoriente les ressources du pays allant dans les engagements coûteux de la guerre froide vers des domaines plus rentables du secteur civil. De plus, il fait des concessions majeures aux États-Unis sur les niveaux des forces conventionnelles, des armes nucléaires et de la politique communiste expansionniste en Europe de l’Est.

    Le traité sur les forces conventionnelles (FCE) permet de limiter le niveau d’armement et d’équipement conventionnel d’une armée. Le FCE de 1990 va demander la destruction de 33 000 chars d’assaut et près de 100 00 armes lourdes dans la zone du traité.

    Après cette période, on retrouve une nouvelle détente et la guerre froide prend officiellement fin en 1991 avec la dislocation de l’URSS.

    Guerre fraîche — Points clés

    • La période de forte tension entre les États-Unis et l’URSS dans les années 1975 à 1985 est connue sous le nom de guerre fraîche.
    • La guerre fraîche marque la fin de 15 ans de détente et l’escalade de la tension entre les États-Unis et l’URSS. Ce n’est pas arrivé depuis la crise des missiles de Cuba.
    • L’évènement qui met fin à la détente et conduit à cette période de tensions croissantes est l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979.
    • L’ascension de Ronald Reagan et la santé en berne de Leonid Brejnev contribuent aussi à déclencher cette guerre fraîche.
    • Reagan relance la course aux armements et exerce une pression importante sur l’économie soviétique avec diverses politiques visant à geler ses recettes et forcer l’appauvrissement de sa population.


    Références

    1. Site internet Jimmy Carter Library - State of the Union Address January 23, 1980 - Consulté le 14/02/2023
    2. Site internet Miller Center - September 26, 1988: Address to the United Nations - Consulté le 14/02/2023
    Questions fréquemment posées en Guerre fraîche
    Qu'est-ce que la Guerre fraîche en Histoire-Géographie?
    La Guerre fraîche est un terme rarement utilisé pour décrire les périodes de tension moins intenses pendant la Guerre froide entre les États-Unis et l'URSS.
    Quelles étaient les causes de la Guerre fraîche?
    Les causes de la Guerre fraîche étaient généralement des désaccords idéologiques entre les États-Unis et l'URSS, les rivalités géopolitiques et les efforts pour étendre l'influence de chaque superpuissance.
    Quelles étaient les principales caractéristiques de la Guerre fraîche?
    La Guerre fraîche se caractérise par des confrontations moins intenses, la diplomatie, les négociations, la coopération dans certains domaines et une politique de détente entre les deux superpuissances.
    Quand la Guerre fraîche a-t-elle pris fin?
    La Guerre fraîche a pris fin avec la dissolution de l'URSS en 1991, marquant la fin de la Guerre froide et la fin des tensions entre les États-Unis et l'URSS.
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